Dans une petite ville américaine dont le nom et la localisation ne nous seront pas révélés, John et David tuent l’ennui comme ils peuvent : en consommant autant d’alcool que d’herbe, en jouant dans un groupe punk, et, occasionnellement, en enquêtant sur des phénomènes surnaturels. C’est l’une de ces investigations qui va les mettre en contact avec une drogue aux vertus particulières, la sauce soja, un produit — à moins qu’il ne s’agisse d’un être vivant — dont on ne sait pas trop s’il se contente de modifier la perception du réel ou la réalité elle-même. Une chose est sûre : ses consommateurs ne font pour la plupart pas de vieux os.
Les voies de l’édition étant ce qu’elles sont, John meurt à la fin arrive en librairie plusieurs mois après la sortie en DVD de son adaptation cinématographique signée Don Coscarelli. Et découvrir ces deux œuvres dans cet ordre ne plaide pas franchement en faveur du roman, tant l’admirable réalisateur de Phantasm et Bubba Ho-Tep a su tirer la substantifique moelle des écrits de David Wong, alors qu’à l’inverse il apparaît de manière flagrante que ce dernier tire à la ligne de manière éhontée à longueur de chapitres.
Pourtant, les choses démarrent bien et durant les deux cents premières pages, l’auteur fait feu de tout bois, enchaîne les idées délirantes et les situations absurdes. En vrac et parmi bien d’autres choses : un monstre fait de viande et de saucisses surgelés, un rasta baptisé Bob Marley, une moustache tueuse ou des coups de téléphones égarés dans le flux temporel. Malheureusement, son imagination se tarit assez vite, les trouvailles se font de plus en plus rares et il finit par ressasser les mêmes situations encore et encore. Pour ne rien arranger, David Wong a toutes les peines du monde à donner un semblant de consistance aux personnages qu’il met en scène. Son héros se contente d’être le narrateur incrédule d’une histoire à laquelle il ne comprend pas grand-chose ; John est ce type bizarre au comportement défiant toute logique, le reste du casting est composé de silhouettes aussi interchangeables que périssables. Pour ne rien arranger, il apparaît de plus en plus clairement au fil des pages que l’auteur improvise son histoire et qu’il n’a pas la moindre idée de l’endroit où il compte amener le lecteur.
Initialement paru en feuilleton sur internet, John meurt à la fin a ensuite été repris par un éditeur traditionnel. C’eût été l’occasion d’effectuer un sévère travail d’élagage sur ce texte, ce qui n’a visiblement pas été le cas. Les plaisanteries les plus courtes étant généralement les meilleures, le roman affiche au compteur quatre cents pages de trop et termine sa course dans le mur. Dommage.