Liz WILLIAMS
L'ATALANTE
384pp - 22,50 €
Critique parue en octobre 2014 dans Bifrost n° 76
Fille d’une romancière gothique et d’un illusionniste, tous deux anglais, Liz Williams a un doctorat en philosophie des sciences obtenu à l’université de Cambridge sous la direction de Peter Lipton, une pointure dans le domaine. On lui doit une quinzaine de romans (dont les cinq qui constituent le cycle de l’inspecteur Zhen) et un recueil de nouvelles, The Banquet of the Lords of Night and Other Stories. Datant de presque dix ans, L’Inspecteur Zhen et la traite des âmes est son premier ouvrage traduit en français.
Dans la Concession de Singapour Trois, l’âme d’une prostituée de quatorze ans n’est jamais arrivée aux portes du Ciel. Pire, une photographie spectrale révèle qu’elle se trouverait quelque part dans la zone portuaire de l’Enfer. Comme Perle Dang est aussi la fille d’un riche industriel, l’affaire pour le moins délicate est confiée à l’inspecteur principal Zhen Wei du 13e commissariat en charge des dossiers relevant du mystique et du surnaturel. Une enquête qui va se corser avec l’intervention du sénéchal Ju Yirj, policier du bureau du vice et créature infernale. Car derrière une banale histoire d’âme égarée se cache une affaire complexe et dangereuse…
Situé dans une Asie future où le devenir des âmes est une activité commerciale réglementée, où certains démons résident parmi les vivants, L’Inspecteur Zhen et la traite des âmes s’impose très vite comme un agréable divertissement, plein d’humour, d’idées folles et de situations cocasses. Consciente du potentiel de l’univers qu’elle a créé (on pense à la collision du Hellboy de Mike Mignola et des Histoires de fantômes chinois de Siu-Tung Ching), Liz Williams prend un malin plaisir à effeuiller son décor, retirant chapitre après chapitre les voiles qui couvrent telle activité ou telle particularité de Singapour Trois. Les amateurs du Pratchett/Gaiman De bons présages seront sans doute aux anges (si on peut dire…). Seul regret : une traduction française parfois imprécise, aux dialogues pas toujours très inspirés. Cela dit, dans la catégorie du divertissement malin, il est difficile de faire mieux.