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George R.R. MARTIN

George R. R. Martin a été un auteur qui a écrit beaucoup de nouvelles dans les années 1970, et a remporté plusieurs prix Hugo et Nebula avant de se tourner vers la littérature générale à la fin de la décennie. Bien que la plus grande partie de son œuvre relève de la fantasy ou de l'horreur, un certain nombre de ses premières œuvres sont de la science-fiction se passant dans un univers futuriste récurrent. Dans les années 1980, il travailla à la télévision comme rédacteur pour plusieurs séries dont certaines de science fiction. Une de ses nouvelles fut adaptée au cinéma pour le film Nightflyers. En 1996 George R. R. Martin retourne à l'écriture de roman en entamant le cycle de fantasy A song of ice and fire (littéralement Un chant de glace et de feu), nommé en français Le Trône de Fer, qui est également le nom du premier volume paru en français. Ce sont ses livres les plus connus du public aujourd'hui. George R. R. Martin est marié à Parris McBride depuis le 15 février 2011 après trente-cinq ans de vie commune.

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Bifrost n° 67

La première fois, ils venaient tout droit de la mine à ciel ouvert, Trager et les autres, les presqu’hommes plus âgés qui contrôlaient leurs cadavres à ses côtés. Cox était l’aîné et, en raison de son expérience, il avait déclaré, péremptoire, que Trager devait les accompagner, même s’il n’en éprouvait aucune envie. Un autre membre du groupe avait ri avant de faire remarquer que Trager ne saurait même pas comment s’y prendre. Mais Cox, le meneur, l’avait harcelé jusqu’à ce qu’il cède. Et, le jour de paie, Trager suivit les autres à la Maison des corps perdus, anxieux mais impatient, et, arrivé au bas de l’escalier, il remit son argent à un homme qui lui donna en échange la clé d’une chambre. Il entra dans la pièce obscure en tremblant, avec appréhension. Ses compagnons avaient gagné d’autres chambres, le laissant seul avec elle (non, ça, pas elle, ça, se rappela-t-il avant de l’oublier aussitôt) dans ce local gris et miteux avec une seule lampe fumeuse.

George R. R. Martin
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Épuisé  

Bifrost n° 67

La première fois, ils venaient tout droit de la mine à ciel ouvert, Trager et les autres, les presqu’hommes plus âgés qui contrôlaient leurs cadavres à ses côtés. Cox était l’aîné et, en raison de son expérience, il avait déclaré, péremptoire, que Trager devait les accompagner, même s’il n’en éprouvait aucune envie. Un autre membre du groupe avait ri avant de faire remarquer que Trager ne saurait même pas comment s’y prendre. Mais Cox, le meneur, l’avait harcelé jusqu’à ce qu’il cède. Et, le jour de paie, Trager suivit les autres à la Maison des corps perdus, anxieux mais impatient, et, arrivé au bas de l’escalier, il remit son argent à un homme qui lui donna en échange la clé d’une chambre. Il entra dans la pièce obscure en tremblant, avec appréhension. Ses compagnons avaient gagné d’autres chambres, le laissant seul avec elle (non, ça, pas elle, ça, se rappela-t-il avant de l’oublier aussitôt) dans ce local gris et miteux avec une seule lampe fumeuse.

George R. R. Martin
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Bifrost n° 33

Il fallait d'abord frapper le chien. Pour attendrir la viande ou au contraire saturer les tissus d'adrénaline, afin d'augmenter sa saveur. Sur ce point, les écoles divergeaient, mais toutes admettaient l'importance du rituel. Le premier assistant de Paul Veyne tira de sa cage l'animal à poil gris, couleur de hyène. Le meilleur choix. Contrairement à la vision simpliste des Occidentaux, n'importe quel chien ne pouvait convenir pour la préparation du Thit cho. A défaut d'un gris, on pouvait se rabattre sur un jaune tacheté de marron. Jamais un noir, réservé au traitement des maladies mentales, ce qui aujourd'hui aurait fait montre d'une impardonnable faute de goût. La bête tenta de se dégager mais ses membres étaient entravés par un câble d'acier.

« Diffusion dans quinze secondes. »

Paul fixa le décompte numérique affiché sur l'écran. Un LIVE clignota avant de laisser place à un gros plan de sa femme. Elle était assise au milieu de leur salon, le canon d'un automatique pointé sur sa tempe. La situation n'avait rien d'exceptionnel, mais elle était éprouvante. Il devait l'oublier ; ne songer qu'à son art.

« Nous pouvons commencer. »

Xavier Mauméjean

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Bifrost n° 31

Il ôta sa chemise à fleurs made in Bangkok, défit son pantalon, retira son slip, éjecta ses tongs.

« On se le fait façon cataplasme, chuchota-t-elle quand il s'allongea sur son ventre.

– Plutôt barbecue. »

Toute moite, elle diffusait une chaleur d'enfer à partir de son torse et de son ventre. Il se raidit tel un brandon. Cela coulait de source entre elle et lui depuis tant de mois qu'il la pénétra sans crier gare. Jalna agita les hanches comme un petit train du Texas. Ça filait doux tandis qu'elle fumait son joint, là-haut, tout là-haut dans son arbre.

Soudain, elle sanglota.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

Puis elle éclata de rire : « Aie ! Je me sépare. »

Les murs de la chambre s'éloignaient à l'infini. Jalna perçut nettement qu'elle se divisait par le milieu. Une faille s'ouvrit depuis son sexe, gagna son nombril, atteignit son cerveau. Scindée en deux ! Une tristesse sans fond immergeait une part de son esprit, tandis qu'un rire dément secouait l'autre. Ignorant la fulgurante apparition de cette crise hystérique, Everett écartela son corps, plongea dans ce gouffre de douleur insoutenable...

Philippe Curval

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Bifrost n° 28

Il avait des glaçons pour dents, trois rangées de lances inégales, blanches dans la caverne bleue de sa bouche. S'il battait des ailes, la bise se levait, la neige voltigeait, tourbillonnait, le monde se recroquevillait, frissonnait. Quand une porte s'ouvrait au froid hivernal, poussée par une rafale, le maître de maison se hâtait de la refermer, de la barrer et de dire : « Le dragon de glace est passé. » S'il ouvrait sa vaste gueule pour souffler, il n'en jaillissait pas le feu à la puanteur sulfureuse des dragons inférieurs. Le dragon de glace soufflait du froid. De la glace se formait au contact de ce souffle. La chaleur s'enfuyait. Les feux crachotaient, s'éteignaient, étouffés. Les branches friables des arbres gelés à cœur dans leur âme lente et secrète cassaient sous le fardeau de leur propre poids. Les animaux bleuissaient, gémissaient et puis mouraient, les yeux exorbités, la peau gainée de givre. Le dragon de glace insufflait la mort au monde, la mort, le silence et le Froid.

George R. R. Martin

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