Excession est le très attendu cinquième roman du cycle de la Culture de Iain M. Banks. Un cinquième volet qui vient de rafler le prix BSFA 1997 qui récompense, lors de la EasterCon, le meilleur roman de S-F anglais.
Près de 200 ans après la guerre contre les Idirans, la Culture doit faire face à une crise grave : l'apparition soudaine d'une Excession, nom donné à un élément inconnu mais soupçonné d'être excessivement puissant, agressif ou impérialiste. Dans la crainte de se trouver face à un « Problème Extérieur au Contexte » (situation que chaque civilisation risque de rencontrer à l'approche de sa chute, de la même façon qu'une phrase rencontre son point final), le « Gang des Époques Intéressantes » se réunit. Groupe de vaisseaux mythique et mystérieux, si le Gang tente de résoudre la crise, il s'attachera surtout à comploter de manière à tirer profit de la situation…
Excession est construit comme un puzzle, chaque pièce prenant la forme d'une histoire individuelle confrontée à la crise provoquée par l'Excession. Ainsi Dajeil Gelian, enceinte depuis 40 ans et toujours peu décidée à accoucher, qui doit quitter le vaisseau qu'elle habite depuis des années… Genar-Hofoen, contraint de fausser compagnie aux Affronts auprès desquels il est ambassadeur… Ces dits Affronts, les plus cruels et répugnants alliés de la Culture, qui veulent trouver le moyen d'abuser de la situation… Ulver Seich, enfin, contraint de partir en mission et d'abandonner ses amants et admirateurs…
Tous ces personnages se croisent, se séparent et se retrouvent, tissant la trame du roman à part égale avec les vaisseaux, véritables personnages à part entière qui conversent, agissent, etc, Banks allant même jusqu'à nous décrire comment ils occupent leurs loisirs. Excentriques ou raisonnables ils sont tous affublés de noms mémorables tel le « Descend-les Plus Tard », « l'Attente de l'Arrivée d'un Nouvel Amant » ou encore le « Zone d'Ombre » dit « Baiseur de Viande ».
En altérant une loi physique grâce à la métamatique, les vaisseaux imaginent de nouveaux univers qu'ils se contentent d'observer ou avec lesquels ils jouent. Lorsqu'ils ne sont pas en mission, les esprits des vaisseaux vivent dans ces fantastiques réalités virtuelles, géographies multi-dimensionnelles produit de leurs imaginations illimitées. Ces endroits portent un nom : le Pays du Plaisir Infini.
Près de dix ans se sont écoulés depuis l'écriture du premier volume du cycle de la Culture ; cinq depuis le dernier. Ceci explique sans doute le changement de ton dans la voix de l'auteur : son style est plus rigoureux, d'autres diront plus sec. On peut regretter l'humour des premiers volets mais on ne s'ennuie pas une minute : l'imagination, l'énergie, répondent toujours et incontestablement présent.
Lire également la critique d'Excession de Jean-Pierre Lion dans Bifrost 10.