Sept ans après l’arrêt de la collection « Millénaires » fondée par Marion Mazauric (partie depuis goûter aux joies de l’édition indépendante au Diable Vauvert), les éditions J’ai Lu se lancent une nouvelle fois dans la SF en grand format avec ces « Nouveaux Millénaires ». Etant donnée la surabondance de titres qui inonde le marché à l’heure actuelle, le pari semble loin d’être gagné d’avance, d’autant que, en ces temps d’hégémonie bit-litto-fantasyste, « Nouveaux Millénaires » se veut entièrement dédiée à la science-fiction. Choix courageux ou suicidaire ? On verra bien. En attendant, intéressons-nous aux textes.
Fils du célèbre astronome Carl Sagan, Nick Sagan a fait ses débuts du côté de la télévision, essentiellement autour de la franchise Star Trek pour laquelle il cosigna quelques épisodes. Paru en 2003, Idlewild est le premier tome d’une trilogie. Le roman débute de manière plutôt prometteuse, avec un narrateur amnésique s’éveillant dans un univers obéissant à des règles différentes du nôtre, où créatures lovecraftiennes, délires psychotropes et avatars informatiques se côtoient presque avec naturel. Où est-il, pourquoi est-il là, et surtout pourquoi est-il persuadé que quelqu’un cherche à l’éliminer ? Ces interrogations permettent de lancer le récit et d’accrocher le lecteur. Sauf qu’assez rapidement, lorsque les premières réponses tombent, la situation semble rentrer dans l’ordre, l’intrigue se met à faire du surplace et s’enlise petit à petit dans la description du quotidien des personnages et de leur univers. On se doute que Sagan garde quelques révélations cruciales en réserve, mais celles-ci se font attendre. Pire : lorsqu’elles arrivent enfin, le soufflé retombe de la plus lamentable des manières, et ce que l’auteur voudrait nous faire passer pour un incroyable coup de théâtre a un désagréable goût de déjà-vu et n’étonnera guère que les rares lecteurs n’ayant jamais ni vu ni même entendu parler de Matrix. Plus gênant encore, la réalité qui nous est alors révélée rend caduque l’essentiel de ce qui a précédé, lequel semble du coup n’avoir eu d’autre but que de brasser du vide durant plus de deux cent pages, en attendant que l’auteur se décide enfin à attaquer son véritable sujet. De ce point de vue, Idlewild ne peut être considéré que comme un prologue, hors-sujet la plupart du temps, et qui, à prendre ses lecteurs pour des cons d’une manière aussi ostensible, ne donne pas le moins du monde envie de lire la suite.