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Les critiques de Bifrost

La Compagnie des Clones

La Compagnie des Clones

Alain PELOSATO
NATURELLEMENT
128pp - 12,20 €

Bifrost n° 8

Critique parue en mai 1998 dans Bifrost n° 8

Je croyais bien la « Nouvelle Science-Fiction Politique Française » morte depuis le départ de Bernard Blanc vers des activités plus lucratives. Et pourtant j'ai lu son fantôme : Alain Pelosato. Tous les défauts d'un « bon » Kesselring y sont… Imaginez que Max-André Rayjean ou Dan Dastier aient voulu publier une novella dans Alerte ! C'est à ça que ressemble La compagnie des clones

Dans un bon siècle d'ici, le monde a été convenablement aseptisé — les Ennos triment comme des cons, les Ennels glandent comme des cons et les dirigeants de la SOMOP dirigent tout naturellement comme des cons. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les Ennos produisent pour que les Ennels puissent casser. Chacun est occupé. Tout est bien ainsi. Mais voilà que Beauvirus, une I.A., joue les histrions et que les Ennos se mettent à protester… en mourant à la tâche. C'est le début d'une suite d'événements qui finiront par conduire au pouvoir Laureen, la fiancée d'un martyre du régime. Un changement de gouvernement qui se limitera a une simple passation de pouvoir ; ce dernier continuant inévitablement d'être exercé par ceux qui le détiennent sur ceux qui le subissent…

De la S-F politique bien épaisse et pleine de grumeaux qu'un réseau de clones tente vaguement de mettre au goût du jour. Pas même un rudiment de psychologie élémentaire ne vient conférer un semblant de vie, de réalité — ne parlons pas de profondeur — à une pathétique poignée de personnages diaphanes et incolores. Pâles fantômes, tristes caricatures. Pas un brin d'humour. Pelosato voit le clonage comme immoral sans préciser s'il l'est par principe ou si c'est sa restriction à la classe dirigeante qui l'est. À cela s'ajoute une charge sur la vanité du réformisme et un plébiscite pour le retour à la nature.

À l'anémie de l'intrigue, de l'univers, des personnages et des idées, s'ajoute celle du texte sous sa jaquette miteuse. Assurément côté anémie ne manque que celle du prix : 80 FF ! Imaginez : la pagination d'un CyberDreams en caractères deux fois plus gros ou presque pour un intérêt dix fois moindre et un prix double, le tout sous une couverture plus moche que celle d'un « Que sais-je ? ». Franchement, il y a peut-être bien eu quelques Fleuve Noir — pas beaucoup — encore plus mauvais. Mais aussi court, aussi moche, de si peu d'intérêt et aussi cher, c'est tout de même très rare et peut-être bien unique.

Jean-Pierre LION

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