Second volet des « Monologues sur le plaisir, la lassitude et la mort » après Ecstasy et en attendant Thanathos, Melancholia nous invite à retrouver Yazaki, le producteur de comédies musicales accro à la coke, au pognon et au sadisme haut de gamme. Yazaki a fait fortune puis a (presque) tout perdu avant de devenir un faux SDF à New York. Confronté à la journaliste Michiko venue l'interview, il va raconter sa vie, sa haine viscérale de Béjart et surtout sa lassitude, son immense lassitude…
Il est souvent difficile de s'intéresser à ce second monologue, logorrhée sans fin d'un homme dépourvu de la moindre qualité, nihiliste et cynique, dont la philosophie pourrait se résumer ainsi : « comme la vie c'est de la merde, amusons-nous en surfant sur la vague puante, en faisant souffrir les faibles, ceux à qui il reste un peu d'espoir ».
Ecstasy était un Murakami Ryû moyen traversé par quelques fulgurances inoubliables. Melancholia (publié en 1996 au Japon) est carrément anecdotique malgré deux ou trois passages qui emportent le morceau, notamment la scène de soumission de la pauvre Sanae Kanamori, et l'apparition du couple de Hongrois anti-SDF, méchamment équipé question quincaillerie. Quant à savoir si Yazaki va réussir à sauter Michiko avant la page 253 (visiblement, la seule chose qui intéresse l'auteur… et le lecteur potentiel), je resterai muet comme la tombe…