Dmitry GLUKHOVSKY
L'ATALANTE
416pp - 22,50 €
Critique parue en octobre 2011 dans Bifrost n° 64
Metro 2034 complète et achève le diptyque entamé avec Metro 2033. Et il y a de bien bonnes nouvelles avec ce nouvel opus. Au rang des critiques du premier volet, nous avions évoqué quelques longueurs qui auraient mérité un coup de scalpel d’une centaine de pages. Eh bien, non content d’avoir lu notre critique, Dmitry Glukhovsky a décidé de doubler la mise en réduisant Metro 2034 à un peu plus de 400 pages, le rendant ainsi plus digeste et plus incisif. A quand l’abonnement, Dmitry ? Ensuite, parce qu’il a su garder l’univers post-apocalyptique original, l’atmosphère glauque et la froideur du métro moscovite, tout en changeant les protagonistes de cette nouvelle histoire, évitant ainsi l’éternelle suite poussive où les personnages s’essoufflent tant ils manquent d’épaisseur au fil des pages. Enfin, cette fois, la situation géographique des personnages est limitée, ce qui nous évite de nous perdre avec eux dans le métro moscovite (même avec le plan !), qui, c’est confirmé, grouille de bestioles bizarres et peu amicales. Seul fil rouge, Hunter, le stalker, revenu d’entre les morts et qui sera, cette fois-ci, accompagné d’Homère, vieillard nostalgique en quête d’éternité. Ils seront chargés d’enquêter sur la disparition d’une caravane de ravitaillement ainsi que du groupe de reconnaissance parti à sa recherche. La station Sevastopolskaya, qui produit de l’électricité pour l’ensemble du métro, ne peut plus fonctionner sans approvisionnement. Sur la route, l’équipe sera complétée par Sacha, jeune adolescente ayant vécu l’exil avec son père dans une station isolée.
Beaucoup plus ramassé que son prédécesseur (nombre de personnages, zones géographiques et batailles rangées avec les zombies), Metro 2034 gomme les défauts du premier tome (il y en avait peu) et en transcende les qualités. Des personnages fouillés et attachants, une quête de sens finement exploitée et de l’action rondement menée sans tomber dans le gratuitement sanguinolent à coup de zombies explosés. Enfin, pour ceux qui n’auraient pas lu le premier, Metro 2034 peut se lire indépendamment.
Petite pichenette caustique pour nos amis de l’Atalante, concernant la couverture… et un bon plan recette pour les apprentis éditeurs : vous prenez l’illustration d’origine, vous changez le 3 en 4, vous passez du rouge au vert à pas cher et le tour est joué ! Une bien belle leçon de rationalité économique. L’éditeur nantais nous avait habitués à mieux. (Qui a dit quand ? C’est petit, ça !). Ceci étant, ce que l’éditeur n’a pas investi dans la couverture, il a dû le mettre dans la traduction, tant le travail de Denis E. Savine est à nouveau exemplaire (eh oui, on se répète !). Une très bonne manière d’éviter un Razzie !
En conclusion, un bon roman d’anticipation post-apocalyptique, intelligent, efficace, musclé, et, pour la présente édition, allégé de toute lourdeur. Que demande le petit peuple ? On attendra maintenant de voir ce que Dmitry Glukhovsky produira par la suite, tant il paraît difficile d’échapper à une construction littéraire si typique et complète. Wait and see…