Fabrice COLIN, Ugo BELLAGAMBA, Georges-Olivier CHÂTEAUREYNAUD, Richard CANAL, Jean-Pierre VERNAY, Jacques BARBÉRI, Daniel WALTHER, Francis BERTHELOT, Michel LAMART, Jean-Pierre HUBERT, Johan HELIOT, Jean-Jacques GIRARDOT, Jean-Pierre ANDREVON, Herv
MNÉMOS
384pp - 19,00 €
On aura célébré beaucoup d'auteurs décédés et beaucoup d'évènements plus ou moins remarquables en 2004. Mais curieusement, on aura aussi oublié de commémorer cette année un certain Charles Dodgson, alias Lewis Carroll, père spirituel d'une certaine Alice qui erra jadis dans un certain pays des merveilles.
Evidemment, quarante-trois ans et demi après la disparition de René Lecardinal, douze après celle de Mélanie Kallère et mille deux cent onze mois après l'intronisation de Charles Bignoux, le souvenir de Lewis Carroll semble n'avoir que peu d'importance. On aurait pu faire une croix dessus sans difficulté.
Mais la S-F devait beaucoup à ce mathématicien amateur de fantaisies, de poèmes et de mots-valises. Sous la houlette de Richard Comballot, qui s'était déjà consacré à l'Angleterre en rendant hommage à Peter Pan dans une précédente anthologie chez le même éditeur, le genre s'est donc acquitté de sa dette envers Charles Dodgson en lui offrant un nouveau recueil.
Après une hilarante préface de l'humoriste André-François Ruaud, bien connu pour ses compliments au maître, on découvre donc une vingtaine de textes mêlant auteurs du genre et représentants d'une littérature « générale » moins coincés que leurs confrères. Mais si l'on retrouve avec joie les textes ordinaires d'écrivains classiques comme Andrevon, Walther ou Stolze, les adaptations à des audaces certifiées (celle de Sade chez Berthelot), les intrigues convenues où la délirante Alice s'adapte enfin à des univers plus ordinaires que celui de son éternelle enfance, on ne pourra que s'étonner de trouver, au bout du compte, après un chapelet d'histoires de bonne tenue, quelques malséantes fantaisies débridées — œuvres, il est vrai, de coutumiers du fait comme Barbéri, Vernay, Chateaureynaud ou Canal. Pour ces ultimes lectures, il est recommandé de s'accrocher et de laisser toute rationalité au vestiaire.
Reste un livre étonnant qu'on devra se procurer et qu'on pourra (je crois) décrypter sans risquer plus que son existence et classer (sans doute) dans sa bibliothèque sans détruire les autres ouvrages.