Dans le Paris de 1832, Frédéric Maupin, écrivain public, est convoqué par le fameux Vidocq, de la brigade de sûreté, car son nom figure sur une liste prise à des cambrioleurs, liste qui ne désigne, exception faite de Maupin, que des personnes décédées. En compagnie d'un géant de foire, Masferrer, il se rend à la soirée du mystérieux prince Lestoz, qui semble le connaître mieux que lui-même. À Besançon, où les deux amis le suivent, ils finissent par en savoir plus sur ses origines…
Des rebondissements toujours plus surprenants les entraînent dans une rocambolesque aventure où il est question de vaisseau spatial échoué, de créatures dégénérées se repaissant de sang humain, d'un peuple asservi en quête du seul personnage susceptible de garantir leur retour. Les scènes d'action suivent la même progression spectaculaire : le combat contre des créatures vampiriques, au cours duquel Maupin découvre sa véritable nature, est digne d'un Paul Féval ou d'un Ponson du Terrail. Improbable, excessif, le récit tient cependant la route car il ne laisse pas au lecteur le temps de se poser des questions.
Le manque d'originalité de l'intrigue est compensé par les qualités littéraires du texte, qui restitue parfaitement les tournures des auteurs populaires de l'époque. Pour un héros, Maupin se révèle plutôt falot ; il est sans cesse éclipsé par des personnages hauts en couleurs, comme Masferrer, et surtout Eugène-François Vidocq, à qui Heliot rend ici hommage sans se montrer cependant trop complaisant envers ce personnage ayant lui-même œuvré à sa mythification.
Il est manifeste que le talentueux Johan Heliot, digne représentant du steampunk à la française, s'en est donné à cœur joie pour parodier les feuilletonistes du XIXe siècle. Il est dommage toutefois que son roman ne soit que cela, un hommage qui se lit avec plaisir mais laisse peu de traces.