Uehara vit en reclus dans son appartement du Japon d'aujourd'hui. De temps en temps, il reçoit la visite de sa mère. Celle-ci lui a récemment offert un ordinateur portable qu'il utilise pour se connecter sur l'internet. Au fur et à mesure de ses recherches, il tombe sur un groupe d'illuminés : INTER-BIO. Des cinglés qui gravitent autour d'une célèbre présentatrice du journal télé et ne tardent pas à renseigner le jeune homme sur le mal étrange qui le ronge. Car Uehara est un être à part, un élu de Dieu qui vit en symbiose avec un parasite ayant giclé du corps de son grand-père au moment où celui-ci rendait l'âme. Ce parasite oblong, presque fantomatique, dont les excréments empoisonnent le sang de son hôte — ou, selon les points de vue, lui permettent de voir le monde tel qu'il est — a un nom : le ver khoslocatère (colocataire ?).
« Le ver khoslocatère annonce un nouvel espoir pour cette espèce qui a programmé son propre anéantissement. » (page 93)
« Les êtres humains dont le corps a été choisi pour abriter le ver khoslocatère ont reçu de Dieu le droit de tuer, de massacrer ou de se suicider. » (page 93)
Une fois sa particularité nommée, comprise, Uehara peut se mettre en route, sortir de sa réclusion physique et pharmaceutique. Il ouvrira le bal par l'assassinat de son père (à coups de batte de base-ball) et finira son « road-movie » ignoble dans un abri antiaérien, un bunker de toutes les horreurs où s'entassent des fûts d'ypérite.
« On dit qu'au contact de ces gaz la peau se met à peler et, la respiration corporelle se trouvant totalement entravée, la personne exposée meurt rapidement. Je suis parti à la recherche des lieux, pour l'essentiel d'anciens abris antiaériens, où avaient été entreposés ces gaz, mais en vain. Je voulais accéder à cet autre univers en contemplant ma peau écorchée, pelée et se détachant de mon corps, caché au fond d'un abri. » (page 283)
Murakami Ryû n'est pas du genre à ménager le lecteur (Les Bébés de la consigne automatique, Miso soup, Bleu presque transparent) ; avec Parasites, il propose une œuvre exigeante (percluse de scènes quasi-insoutenables), où se mêlent une érudition vertigineuse, des articles internet « donbis » et des scènes particulièrement déstabilisantes. Il signe là un « Japanese Psycho » où, comme chez Bret Easton Ellis, les détails, parfois inutiles, s'accumulent, deviennent strates pour venir à la rescousse d'un propos qui manque probablement de substance. Parasites est une œuvre écartelée, tendue entre mainstream et science-fiction (au fil de la lecture, on pense tantôt à Hubert Selby Jr tantôt à Philip K. Dick période Susbtance Mort). En conclusion : un roman un rien cabot, parfois dilué, ce que l'on peut regretter ou juger préférable — tout ça n'est qu'une question de tripes — auquel on préférera Miso soup s'il s'agit de découvrir l'auteur.