Sangamon Taylor est un mauvais coucheur, cynique, empêcheur de tourner en rond, écologiste convaincu aux méthodes parfois douteuses. Taylor reste cependant un non-violent qui récuse les actions de Boone, considéré comme un terroriste écologique pour avoir coulé des baleinières. Son enquête dans le port de Boston, autour de crustacés empoisonnés, fait apparaître une pollution aux PCB d'autant plus curieuse qu'elle disparaît mystérieusement ou se raréfie à sa source. Poursuivi par la mafia locale ainsi que par les membres d'une secte satanique accro au heavy metal et polluée au PCP, manipulée par le groupe industriel responsable de ces empoisonnements, lequel dispose en outre d'appuis politiques solides, Taylor a tout du musclé redresseur de torts en phase avec son époque. Ce James Bond qui se déplace en VTT et en Zodiac, s'il demeure lucide sur la portée de ses actions, « parce que c'est dégueulasse partout. Parce que les idéaux ont fichu le camp et que tout le monde s'en fiche quand vous dénoncez un empoisonneur de la planète », a encore beaucoup à apprendre sur la duplicité des riches et des puissants…
Certes, les impressionnantes connaissances écologiques développées dans Zodiac (le lecteur n'ignorera plus rien de la chimie du chlore et du sodium) engendrent effroi et pessimisme quand sont évoquées les conséquences de certaines pollutions bien actuelles, ou celles, à venir, résultantes de manipulations génétiques inconséquentes. Mais cela n'empêche en rien le Zodiac d'être un excellent bouquin d'action doublé d'une solide intrigue, qui plus est traversé par un humour noir ravageur.
Ce premier roman de Neal Stephenson n'a pas encore la richesse et la texture de L'Age de diamant ou du Samouraï virtuel (tous deux au Livre de Poche), mais tout ce qui fait les qualités de l'auteur est déjà à l'œuvre, au point qu'on se demande pourquoi il a fallu attendre près de quinze ans pour le traduire. Il était grand temps.