Sommaire
- Préface, par Michael Moorcock
- Avant-propos, par Poul Anderson
- L'Épée brisée
« Imric n’eut qu’un bref aperçu d’une massive silhouette encapée, chevauchant une monture plongeant vers la terre, plus rapide que le vent, un gigantesque cheval à huit pattes monté par un homme à la longue barbe grise et au chapeau à larges bords. L’éclat de la lune accrocha la pointe de sa lance et son œil unique… Il traversait les cieux à la tête de sa troupe de guerriers morts, et les chiens aux yeux de feu aboyaient comme le tonnerre. Sa corne hurla dans la tempête, les sabots de sa monture tambourinaient comme la grêle tombant sur un toit ; et […] la pluie se déchaîna sur le monde. »
Voici l’histoire d’une épée qu’on dit capable de trancher jusqu’aux racines mêmes d’Yggdrasil, l’Arbre du Monde. Une épée dont on dit qu’elle fut brisée par Thor en personne. Maléfique. Forgée dans le Jotunheim par le géant Bölverk, et appelée à l’être à nouveau. Une épée qui, une fois dégainée, ne peut regagner son fourreau sans avoir tué. Voici l’histoire d’une vengeance porteuse de guerre par-delà le territoire des hommes. Un récit d’amours incestueuses. De haine. De mort. Une histoire de destinées inscrites dans les runes sanglantes martelées par les dieux, chuchotées par les Nornes. Une histoire de passions. Une histoire de vie…
« Lire L’Épée brisée, c’est comprendre en grande partie les origines d’une tradition parallèle de la fantasy représentée entre autres par M. John Harrison, Philip Pullman et China Miéville, des écrivains qui rejettent le confort d’un pub oxfordien et restent délibérément proches de résonances mythiques plus profondes », dit Michael Moorcock. Et le créateur d’Elric de rajouter qu’il s’agit là « d’un des plus influents livres de fantasy » qu’il ait jamais lus. Publié aux USA en 1954, à l’instar du premier volet du Seigneur des Anneaux, dont il s’avère une antithèse brutale. Un chef-d’œuvre jamais traduit en France. Jusqu’à ce jour.
« A bien des égards, L’Epée brisée s’impose comme une œuvre puissante, sans concession, très éloignée des recettes et de la platitude de la big commercial fantasy. Un roman d’un archaïsme qui le rend encore plus précieux. » Yossarian
« L'Épée brisée est vraiment un excellent roman de fantasy noire. Une fantasy que j'oserais dire scaldique tant l'on sent les racines de ce roman plonger dans les sagas nordiques. Une fantasy noire qui plaira aux amateurs de Michael Moorcock chez qui je retournerais bien lire des aventures d'Elric. Un récit également différent dans le style de ce que l'on peut lire avec La Patrouille du Temps, mais une œuvre parfaitement maîtrisée et qui valait vraiment la peine d'être traduite pour enfin nous la rendre accessible. » Les Naufragés volontaires
« Parmi les auteurs de l’âge d’or américain, Poul Anderson a longtemps souffert dans l’Hexagone d’un ostracisme tenace, au point d’être considéré par beaucoup comme un auteur mineur. On renverra les éventuels curieux à l’article de Philippe Boulier (in Bifrost n°75) pour approfondir les raisons de ce malentendu. Une injustice désormais réparée grâce en particulier au travail de Jean-Daniel Brèque et à la constance des éditions du Bélial’. Avec L’Epée brisée, Poul Anderson fait sienne la matière des peuples du Nord, nous narrant une geste sauvage, pleine de bruit et de fureur, où les passions humaines teintées de magie se mêlent aux... » Bifrost
« Brutal et sans concession, mature diront certains, L’Épée brisée relève par ses accents oedipiens tout autant de la tragédie antique que du récit épique. Si l’on fait abstraction du parallèle un peu malvenu avec l’oeuvre de Tolkien, il s’agit même d’un roman de très bonne facture, bien rythmé, solidement construit et franchement prenant… mais dont l’ambition et l’ampleur restent néanmoins bien plus mesurées. » Blogger in Fabula
Ne boudons pas notre plaisir : ce roman est une grande réussite, certainement un des chefs d’œuvres de son auteur. On comprend que Michaël Moorcock se sente une dette une dette envers Anderson, tant il semble évident qu’il lui ait emprunté le thème de l’épée runique et maléfique pour créer Stormbringer. Le style et la narration de L’Épée brisée renvoient aux contes moyenâgeux, tout autant que Le seigneur des anneaux, publié à la même époque. Plus dur, plus violent, plus âpre, plus sauvage que le roman de Tolkien, le livre d’Anderson suscite en tout cas l’enthousiasme, celui qui animait l’auteur de ces lignes lorsqu’il découvrait le cycle d’Elric à l’âge de 14 ans. On ne peut que recommander et Anderson et ce roman. Le Salon littéraire
On sort de L'Épée brisée avec le sentiment de tenir là une pépite, un bijou révélé en France seulement soixante années après sa publication originale. Pourtant, tout comme La communauté de l’anneau de Tolkien, dont il prend le contre-pied, il s’agit là d’un ouvrage fondateur de la fantasy moderne. Par nos lectures, chacun de nous trouvera des livres de fantasy fortement influencés par L’Épée brisée. Tout comme Tau Zero, le Bélial’ répare là une anomalie incompréhensible, il rend enfin ce chef-d’œuvre de la fantasy accessible au public français. La Yozone