L'Homme programmé
(The Second Trip, 1976)
Nat Hamlin était probablement un génie. Oui. L'un des plus grands artistes de tous les temps. Peut-être. Mais Nat Hamlin était aussi le pire des salauds, un violeur en série d'une extrême violence. Aussi Nat Hamlin a-t-il été effacé. Terminé, Nat Hamlin, son cerveau purgé, l'ensemble de ses souvenirs disparus, sa personnalité oblitérée...
Paul Macy n'a rien à voir avec Nat Hamlin. Paul Macy est différent. Gentil. Stable. Sa personnalité patiemment élaborée par le Centre de Réhabilitation. Une maturation de quatre ans pour un citoyen modèle. Bien sûr, physiquement, Paul Macy ressemble à Nat Hamlin. Mais après tout rien de plus normal, puisqu'il habite le même corps. Mais Paul Macy n'est pas Nat Hamlin. Non. C'est impossible. Et cette voix intérieure, lancinante, qui lui dit le contraire, il lui suffit de l'ignorer. Un délire schizophrénique, rien d'autre...
Et tant pis s'il lui arrive de perdre de plus en plus souvent le contrôle de ses membres. Tant pis si cette petite voix intérieure, parfois, finit par sortir par sa bouche. Nat Hamlin est mort. Point. Et non, il n'emmènera pas cette gamine sublime dans une ruelle... Non. Non !
Robert Silverberg est né à New York en 1935. Immense figure de la science-fiction américaine, d'une notoriété semblable à celle d'un Bradbury ou d'un Asimov (avec lequel il a d'ailleurs coécrit plusieurs titres), aussi à l'aise dans le domaine de la nouvelle que dans celui du roman, il a signé certains des plus grands chefs-d'oeuvre du genre — Le Livre des crânes, le cycle de Majipoor, L'Homme dans le labyrinthe, Les Monades urbaines ou encore L'Oreille interne, dernier titre auquel L'Homme programmé répond avec maestria.