Thibaud ELIROFF, Éric HOLSTEIN, Jérôme VINCENT
LIBRIO
122pp - 3,00 €
Critique parue en juillet 2009 dans Bifrost n° 55
« Mais dans quelle galère sommes-nous allés nous fourrer ? » demandent les trois co-auteurs de cet opuscule sur sa quatrième de couverture, comme pour anticiper les critiques qu'on ne manquera pas de leur adresser. L'entreprise, qui consiste ici à traiter, en une page chacun, ce que l'on nous présente comme les « 100 chefs-d'œuvre incontournables » de la science-fiction, du fantastique et de la fantasy, avait tout du casse-gueule ; le bilan, on va le voir, n'en est que mitigé, ce qui constitue déjà une manière de victoire.
Une courte préface signée du seul Eric Holstein définit les limites de l'exercice (une œuvre par auteur, même s'il peut en fait s'agir de séries) et signale que la sélection procède d'un critère de qualité plus que de popularité. Pourtant, dans le corps même de certaines critiques, on verra fleurir des assertions qui semblent démentir ce bel adage : entre autres, Pern est un « cycle interminable », tandis qu'Harry Potter ne présente « aucune originalité » et doit son succès à « un plan marketing sans précédent ». Curieuses louanges, pour des « chefs-d'œuvre incontournables »…
Ce petit livre au prix modique n'a évidemment rien d'un guide où l'amateur éclairé pourrait découvrir quoi que ce soit. Il y verra plutôt un pense-bête pour choisir quels livres conseiller à qui aimerait aborder l'Imaginaire, servi en cela par une liste qui comprend, par exemple, Fondation, L'Homme démoli, Dune, L'Oreille interne, Les Voies d'Anubis, Hypérion et American gods. Les écrivains francophones ne sont pas négligés (Jeury, Curval, Ayerdhal, Lehman, Wagner et Bordage, notamment), et le tout, présenté par ordre chronologique et démarrant sur L'An 2440, de Louis-Sébastien Mercier, tente d'esquisser, l'air de rien, un panorama historique de notre domaine. Les papiers, certes brefs, vont justement à l'essentiel, sans lasser par des gloses interminables, et ne se privent pas d'évoquer d'autres œuvres importantes de l'auteur de l'œuvre traitée.
Somme toute, même s'il représente un peu une occasion manquée — n'aurait-il pas mieux valu profiter du format pour proposer un guide de lecture décliné des ouvrages les plus faciles d'abord aux plus complexes ? —, on retiendra de ce fin volume son accessibilité, sa lisibilité et, pour l'essentiel, la pertinence de ses choix.