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Les critiques de Bifrost

14

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Peter CLINES
J'AI LU
544pp - 18,00 €

Bifrost n° 77

Critique parue en janvier 2015 dans Bifrost n° 77

Dénicher un appartement pas cher à Los Angeles ? Une gageure. Presque autant que parvenir à se garer en moins d’une demi-heure. Alors, quand Nate Tucker entend parler de cette occasion dans un vieil immeuble de briques rouges, il n’hésite pas une seconde. D’accord, l’ascenseur est en panne. Mais quoi de plus classique ? Bien sûr, une blatte l’accueille dans son nouveau logement. Et alors ? On ne va tout de même pas se formaliser pour si peu. Sauf que, de jour en jour, le jeune homme découvre des éléments étranges, des anomalies anodines prises une par une, mais qui, bout à bout, finissent pas créer chez lui un sentiment de malaise croissant. Pourquoi ce locataire quitte-t-il le n°5 avec une telle hâte ? Pourquoi la porte de l’appartement n°14 est-elle condamnée par plusieurs cadenas ? Pourquoi la lumière de sa cuisine, quelle que soit l’ampoule utilisée, s’obstine-t-elle à émettre une lumière « noire » ? Pourquoi aucun appartement n’a-t-il les mêmes dimensions ?

L’ouvrage se divise en deux grandes parties : d’abord l’enquête, puis l’immersion dans l’étrange et l’horreur. Dans un premier temps, Nate, moyennement pris par un travail sans intérêt, alimentaire, part à la découverte de l’immeuble Kavach. Cette vieille bâtisse livre peu à peu ses secrets. Mais chaque réponse amène d’autres questions. Chaque découverte rend le mystère encore plus profond, les ramifications encore plus importantes. Malgré quelques longueurs, cette première moitié joue son rôle. Les pages tournent sans trop de temps morts, l’intrigue se tient. Peter Clines entoure son personnage principal de quelques locataires, créant ainsi une équipe d’enquêteurs amateurs. Dont Xela, la pin-up adepte des bains de soleil topless sur la terrasse ; Veek, l’informaticienne fan de Scooby-Doo ; Tim, l’homme au passé mystérieux. Et quelques autres. Rien de bien original, donc — on peut même parler, pour certains personnages, de caricatures, à moins qu’on ne préfère, histoire de rester positif, considérer ces derniers comme des clins d’œil aux livres et films de genre. A trop viser le grand public, Peter Clines n’hésite pas à enfiler les clichés, ni à avancer chaussé de sabots taille 45. La vieille voisine est forcément grincheuse ; quelques morts épicent l’action, mais pas trop. Et cela se ressent particulièrement à la fin du roman. Comme si l’auteur peinait à boucler un sujet pourtant pas si mal abordé, mais en définitive trop grand pour lui. Comme si l’écriture de la série best-seller « Ex- » (-Heroes, -Purga-tory et -Patriots) ne l’avait pas préparé à affronter les Grands Anciens.

14 n’en demeure pas moins un divertissement efficace, à la lecture rapide et aux multiples rebondissements. Et une distrayante plongée dans un complot tentaculaire. Sans plus.

Raphaël GAUDIN

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