2069 est un recueil qui prétend traiter la question de la sexualité et des relations amoureuses du futur, à partir des tendances que l’on observe déjà. On y trouve douze nouvelles de longueurs et de types variés, du voyage dans le temps au sexe spatial en passant par les sexbots. Disons-le tout de suite, ce n’est ni érotique, ni excitant, en dépit d’une couverture qui est de fait racoleuse. Malheureusement, ce n’est guère prospectif non plus, à moins d’être complètement déconnecté des avancées technologiques. Brève revue.
Deux bons textes. « Chicago » est sans doute la plus science-fictive, la plus intéressante, et la plus émouvante, avec ses sexbots qui acquerront peut-être une conscience et la liberté qui va avec. « Le Bousier » est sans doute la plus tragiquement réussie, avec son personnage passant une vie à visiter toutes les formes de relations pour finalement mourir seul comme tout le monde ; la chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Quelques autres émergent un peu. « One more time » imagine des thérapies de couple qui consistent à envoyer le dit couple revoir des moments clés de son passé. Boucle temporelle prévisible. « Conditions générale de Ventre » décrit un monde où PMA ou GPA sont augmentées d’amélioration des gamètes, ou permises même sans partenaire, grâce à des gamètes synthétiques. Jusqu’à la révélation finale. « Good Girl » est une digression sur une sous-catégorie porno du futur, dont il ne sort pas grand-chose une fois l’affaire comprise. « La Sonde » est une variation amusante sur le destin de Pioneer 10 et le paradoxe de Fermi.
Le reste ? De la télé-réalité spatiale à Greta Thunberg in the Wild en passant par le hacking des slips connectés (qui, visiblement, ont captivé la presse hors Bifrost), les rêves érotiques sur abonnement, le délire genderfluid ou l’élection papale orgiaque qui offre un cliché si éculé (pardon !) que même Charlie Hebdo ne doit plus l’utiliser, l’ensemble n’est guère excitant, ni pour l’esprit, ni pour le corps.
Paradoxalement, c’est lorsqu’il décrit les développements prévisibles de la société du spectacle ou les conséquences du changement climatique que, sans être brillant, l’auteur est le plus convaincant. Problème : ce n’était pas son thème, pas en tout cas celui qu’il nous a vendu.
Globalement, mis à part sur les deux bons textes et un ou deux des quatre moyens, l’ennui est au rendez-vous et le sense of wonder proche de zéro. Ajoutons-y un argot branchouille qui fait parfois vieux et une volonté humoristique qui suscite la compassion. Enfin, les nouveaux genres, les nouvelles sexualités et préférences, font l’objet d’un traitement dont on ne sait jamais s’il est ironique, factuel, compatissant ou charmé. Par-delà la forme, ça fait donc peu d’idées nouvelles et peu de prises de position (désolé !), peu de fond à vrai dire.
69 fut une année érotique. Josselin Bordat veut nous convaincre, avec son recueil 2069, que notre avenir le sera aussi. Mais n’est pas Gainsbourg qui veut. Post coïtum animal triste.