Richard MATHESON
DENOËL
10,65 €
Critique parue en avril 2017 dans Bifrost n° 86
Chris Barton travaille pour Palladian, une entreprise dont les recherches s’avèrent cruciales pour le gouvernement. Précisément pour le Pentagone, qui suit avec attention les avancées de Chris concernant les turbulences laser. « Je ne fais qu’apporter ma contribution aux problèmes de la planète », affirme l’intéressé, dont la modestie sincère ne doit pas occulter le talent. Car Chris est un génie. Seulement voilà, depuis quelques temps il ne parvient pas à dormir, et son travail est au point mort. En une soirée, son existence va basculer. Lafourche, un vieil homme pris en stop à un embranchement, soit au carrefour de tous les possibles, lui demande : « Vous trouvez votre vie bien organisée ? » Il faut croire que non, puisqu’arrivé chez lui, Chris découvre sur le seuil une femme prétendant habiter sa maison depuis huit ans. Enveloppe à message, bague de la Rome antique contenant un microfilm, homme en noir, conspiration et manipulation, Indien à turban et la belle Alexsandra en mystérieuse alliée, Chris se retrouve embringué dans des aventures en apparence sans queue ni tête, au gré de poursuites en voiture, avion, train, ferry, hovercraft, funiculaire, vaporetto, de Londres à Paris en passant par Venise et la Suisse. « Et quelle est la suite du programme ? L’ascension du Mont Blanc ? Une fusillade dans un château bavarois ? » s’exclame-t-il lors d’un court répit.
On l’aura compris, le roman puise aux sources éprouvées du thriller mâtiné de mystère. D’ailleurs, Richard Matheson balise le chemin du lecteur en ne cessant d’invoquer aussi bien James Bond que Kafka, et surtout Hitchcock cité pas moins de dix fois. Trop de références martelées pour un récit somme toute bref, auxquelles on préférera le clin d’œil de l’épisode du théâtre où se donne Le Petit ministre, pièce de James Matthew Barrie qui joue un rôle essentiel dans Le Jeune homme, la mort et le temps.
Reste toutefois un récit prenant, où le métier de Matheson ne fait pas défaut, qui se situe dans la lignée du roman de Jules Verne, Le Testament d’un excentrique, qui voit le héros jouer une partie de jeu de l’oie à l’échelle des États-Unis, et du film The Game de David Fincher. Mais aussi d’Hitchcock.