Dans le monde de David, les uns ont le pouvoir et toutes les richesses. Les autres ne sont que des crève-la-faim, exploitables et manipulables. David appartient à la première caste, son clone à la seconde. Mais un jour, David se réveille dans la peau de son clone. Une bien mauvaise surprise qui le mènera de Charybe en Scylla. Jusqu'à ce que les apparences se révèlent plus trompeuses encore…
Alpha Clone est un roman labyrinthique. Un OVNI littéraire à la construction déroutante.
Débutant de manière classique (très !) en exposant une jeunesse nantie vivotant dans un monde manichéen, sans but, sans profondeur ni épaisseur, sans réelles surprises, l'histoire va basculer en même temps que son personnage principal. La chute vers l'inconnu devient inévitable. Le nouveau David est bouleversé, perdu. La narration se transforme et nous fait nous interroger sur la nature réelle du narrateur. David ? Son clone ? David en clone ? Le clone en David ? La perte de repère est désarmante. On se sent presque prêt à lâcher le livre en se disant que l'auteur s'est laissé aller à un délire dont lui seul possède les clés. On hésite, on se tâte. Mais on veut savoir.
Et les rebondissements se succèdent en une spirale vertigineuse. La question du qui est qui n'en devient que plus intéressante. Le labyrinthe dévoile ses faux-semblants. Le puzzle se construit, doucement. Juste de quoi étourdir le lecteur, sans pour autant l'abattre. Et la solution s'esquisse, ambiguë, pleine de force. Etonnant !
Malgré une fin qui aurait mérité un développement plus étoffé, Paul Thiès signe ici un roman troublant où la S-F n'est que prétexte à une plongée dans la psychologie d'un jeune homme face à des problèmes identitaires. La force est là ; le plaisir de lecture aussi.