Leigh BRACKETT
OPTA
Critique parue en janvier 2022 dans Bifrost n° 105
Après une meurtrière guerre interplanétaire, le système solaire connaît enfin la paix. Pour y parvenir, les humains ont renoncé au vol spatial, désormais géré par des machines. Si la majorité de la population se satisfait de cette situation, ce n’est pas le cas de certains nostalgiques de l’ancien temps, à commencer par Phil Kirby, ex-pilote désormais condamné à fouler le sol de Mars jusqu’à la fin de ses jours. Lui et quelques autres, dont son épouse martienne, Shari, refusent de se satisfaire de leur sort trop tranquille et ont préparé dans le plus grand secret un vaisseau devant leur permettre de gagner l’étoile habitable la plus proche : Alpha du Centaure. Une fois lancé, leur projet ne leur offre que deux conclusions possibles : la liberté ou la mort.
Publié en 1963 dans la populaire collection « Ace Double », Alpha ou la mort est le fix-up de deux novellas parues dix ans plus tôt dans la revue Planet Stories. Il se divise en deux parties nettement distinctes : la fuite hors du système solaire, puis l’installation sur ce nouveau monde. Ni l’une ni l’autre ne sont réussies. Leigh Brackett se contente d’enchaîner les péripéties plus ou moins farfelues, comme l’abordage d’un vaisseau volant à une vitesse proche de la lumière, sans jamais s’intéresser ni au cadre politique et social de son univers, ni aux conditions de vie à bord du Lucy B. Davenport durant les cinq longues années que dure le voyage, ni par la suite à l’installation des colons sur Alpha. Son héros est une caricature d’aventurier à l’ancienne, nostalgique d’un supposé âge d’or disparu, allergique à toute forme d’autorité et prêt à tout pour s’en libérer. Les autres personnages ne sont guère plus que des silhouettes anonymes, dont on cherche en vain dans leur comportement moutonnier et frileux les motivations qui ont pu les pousser à se lancer dans une telle équipée. Sans doute ce que Brackett a signé de plus médiocre.