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Les critiques de Bifrost

American Fays

Anne FAKHOURI, Xavier DOLLO, Thomas GEHA
CRITIC
400pp - 23,00 €

Critique parue en avril 2015 dans Bifrost n° 78

Chicago, 1925. Ses trafics illégaux, son crime organisé, ses flics véreux, ses tripots clandestins. Et aussi ses fays, ses créatures magiques de toutes sortes, tailles et origines, qui, par leur seule existence, viennent pi-menter davantage encore les relations déjà très tendues entre les différentes factions se disputant le pouvoir au sein de la ville.

L’univers d’American Fays avait vu le jour en 2013 dans « Du Rififi entre les oreilles », nouvelle figurant au sommaire de l’anthologie Elfes et assassins (Mnémos) et signée de la seule Anne Fakhouri. Elle y revient aujourd’hui, accompagnée de Xavier Dollo (qui, pour l’occasion, range au vestiaire son habituel pseudonyme de Thomas Geha) et poursuit l’histoire du No Ears Four, cette équipe de choc aux ordres d’Al Capone chargée de régler les affaires fayriques qui pourraient lui porter préjudice. En l’occurrence, ils reçoivent pour mission d’enquêter sur une série de meurtres visant des personnalités favorables à la Prohibition.

Les membres du No Ears Four sont plus stéréotypés les uns que les autres : un leader teigneux dont le passé recèle un lourd secret, un jeune séducteur consacrant davantage de temps à ses amours qu’à ses activités criminelles, un homme de main à la masse musculaire inversement proportionnelle à son Q.I., et un tueur aussi effacé qu’efficace. Heureusement, les auteurs ont su leur donner suffisamment d’épaisseur pour que l’on s’attache assez vite à eux et qu’on accepte de les suivre dans leurs pérégrinations. Car leur enquête va prendre de longs et parfois inutiles détours, jusqu’à ne plus apparaître aux yeux du lecteur que comme un prétexte pour baguenauder dans les rues de Chicago.

American Fays est loin d’être exempt de qualités. Les péripéties y sont suffisamment nombreuses pour qu’on n’ait pas le temps de s’ennuyer à sa lecture, et ses auteurs y signent des dialogues souvent savoureux. Pourtant, s’il se lit sans déplaisir, le roman peine à susciter l’enthousiasme. De situations convenues en retournements prévisibles, American Fays ne surprend jamais et n’innove en rien. De la part de ses auteurs, on était en droit d’espérer mieux.

Philippe BOULIER

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