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Les critiques de Bifrost

Anansi Boys

Anansi Boys

Neil GAIMAN
J'AI LU
382pp - 7,80 €

Bifrost n° 82

Critique parue en avril 2016 dans Bifrost n° 82

Charles Nancy est un comptable londonien, timide et maladroit. Même s’il n’est plus vraiment gros, tout le monde l’appelle Gros Charlie parce que son père le surnommait ainsi et que cela lui est resté. Un jour, il reçoit un coup de fil en provenance de Floride. Son paternel vient de mourir et il est attendu pour les obsèques. Mais ce qu’il va apprendre de la bouche d’une vieille amie de son père a de quoi surprendre. En effet, celui-ci n’était autre que le dieu Anansi. De retour à Londres, sa vie se trouve bouleversée lorsqu’il découvre qu’il a un frère.

Annoncé comme la suite d’American Gods, le présent roman n’en est pas vraiment une. En effet, des personnages du premier opus, Neil Gaiman a choisi d’isoler un second rôle, Anansi, le dieu provenant d’Afrique de l’Ouest, dont la mort est annoncée dès les premières pages. En fait, le vrai protagoniste de ce roman n’est autre que son fils, Gros Charlie Nancy. À défaut de véritable suite, on dira plutôt que les deux livres partagent le même univers dans lequel les dieux antiques se sont incarnés dans une Amérique moderne.

Affublé d’un surnom qu’il déteste par un père qu’il déteste tout autant sans l’avoir jamais vraiment connu, Gros Charlie est un personnage attachant et drôle. Certes, on rit souvent à ses dépens. En bon héros burlesque, Gros Charlie est maladroit et a tendance à se mettre dans des situations qui le dépassent. La vie anodine qu’il mène est routinière au possible : boulot tranquille, petite amie normale et belle-mère acariâtre. Mais lorsqu’il se découvre un frère (oui, le titre ne ment pas), cette vie ordinaire se transforme vite en un véritable enfer. Il va lui falloir faire preuve d’une sacrée force de caractère pour se dépasser et enfin se révéler.

Comme à son habitude, Neil Gaiman déroule une histoire où des personnages simples se voient embarqués dans des aventures qui les dépassent, où le fantastique s’immisce petit à petit avant de devenir la réalité acceptée par tous, des protagonistes jusqu’au lecteur qui se délecte. La plume est toujours aussi belle, sans grandiloquence mais plutôt tout en netteté et en précision (rendue au cordeau par une traduction, une fois n’est pas coutume, signée Michel Pagel). Malheureusement, Anansi Boys ne tient à aucun moment la comparaison avec son prédécesseur, American Gods. Là où ce dernier avait une profondeur mythologique et proposait parfois une réflexion quasi-philosophique, Anansi Boys se contente d’être un récit certes sympathique, très bien écrit, mais au final vite oublié. Bref, une déception au regard des attentes suscitées par le brio d’American Gods.

Le lecteur curieux qui voudrait quand même lire toute la production littéraire de l’auteur anglais serait plus avisé d’espacer la lecture de ces deux ouvrages, en y intercalant, pourquoi pas, un autre de ses romans, comme Neverwhere ou De bons présages.

Antoine CHALET

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