Paul FÉVAL
LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
144pp - 13,00 €
Critique parue en janvier 2019 dans Bifrost n° 93
Dans notre 91e livraison, nous avions évoqué les quatre premiers titres des « Saisons de l’étrange », collection dont l’ambition revendiquée était d’être un « Netflix littéraire orienté pulp et fun ». En dépit de la bonne intention initiale et des attrayantes couvertures de Melchior Ascaride, le bilan s’avérait plus tiède côté littéraire, avec deux livres médiocres et deux réussis. Quid de la suite ?
Sous son titre très référencé, Ann Radcliffe contre les vampires n’est autre que la réédition du roman La Ville-vampire de Paul Féval, une fan-fiction avant l’heure mettant en scène l’auteure britannique Ann Radcliffe, pionnière du roman gothique avec Les Mystères d’Udolphe. Mené tambour battant, le récit se déroule durant sa jeunesse, lorsqu’elle part à la rescousse de sa meilleure amie, prisonnière du terrible vampire M. Götzi. Son aventure va la mener jusqu’au cœur de l’Europe, à l’assaut de la terrifiante ville-vampire… Trente ans avant le fameux Dracula de Bram Stoker, Paul Féval s’en donne à cœur joie avec le mythe du vampire (ce qu’explique Adrien Party, spécialiste de la question, dont la postface apporte un utile éclairage sur le roman et sa place dans la littérature vampirique), lui attribuant des caractéristiques surprenantes (des doppelgängers, un cœur mécanique, des yeux verts luminescents) que la postérité n’a pas conservées. Prescription oblige, on pardonnera à Féval la décevante pirouette finale du roman. Une question demeure : pourquoi avoir changé le titre original ? À cette aune-là, autant rebaptiser tous les classiques de la littérature sous des titres plus sexy ! Valjean v Javert – l’aube de la justice, ça vous dit ?