Une apocalypse due à des mégaséismes tout autour du globe ? L’émergence de chaînes de montagnes donc les sommets percent la stratosphère (de 6 à 9 km de hauteur vers les pôles, à 12 km de hauteur en moyenne) ? Et des survivants fondus d’alpinisme ? Et une intrigue policière en plus ? Le tout entre Chamonix et l’Alaska ? Sur le papier, Apocalypse blanche de Jacques Amblard, roman présenté par l’éditeur comme un « polar grinçant, une ode aux bêtes, une comédie écologique aux envolées poétiques, de l’alpinisme d’anticipation », a de quoi intriguer. Dans les faits, gageons qu’il divisera surtout les lecteurs. Certains vont être happés par l’histoire, par l’ivresse des cimes, par l’enquête elle-même et le désir de comprendre le narrateur et son incroyable passivité par rapport à ce qui lui arrive. Celle-ci s’explique par ses rapports avec son père, « le vieux » adepte de l’alpinisme dans le plus simple appareil, puis avec d’autres figures paternelles assez malsaines (Chris tueur de chats et grimpeur vedette par exemple), mais elle reste assez pesante. D’autres encore vont aimer les néologismes inventés par l’auteur, et certaines situations rocambolesques. Mais d’autres vont simplement décrocher face au texte. Trop d’alpinisme pour qui ne connaît pas la grimpe, trop de scatologie, trop d’onomatopées (les « hi hii » du narrateur deviennent très vite insupportables), trop d’invraisemblances, trop de longueurs, trop, quoi…
Et c’est là le souci d’Apocalypse blanche : le texte proposé par Jacques Amblard est comme une raclette particulièrement copieuse où se mêlent fromage fondu, charcuteries multiples, patates chaudes et légumes variés, le tout généreusement arrosé de vin. Si vous avez faim de ce type de récit et êtes prêts à avancer pas à pas, en vous laissant surprendre à chaque paragraphe par l’auteur, alors ce livre est pour vous. En revanche, si vous n’avez pas de temps de cerveau disponible pour accueillir favorablement ses élucubrations sublimes, vous risquez de passer à côté (et de vous faire une bonne tendinite eu égard au pavé qu’il représente).