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Les critiques de Bifrost

Arborescentes

Arborescentes

Frédéric DUPUY
BRAGELONNE
384pp - 25,00 €

Bifrost n° 115

Critique parue en juillet 2024 dans Bifrost n° 115

Frédéric Dupuy est connu dans le petit monde de la SF hexagonale pour la création des éditions indépendantes 1115 en 2017. Le voilà qui change de casquette puisqu’il est l’auteur de la saga « Arborescentes », publiée par les éditions Bragelonne. Quatre volumes, dont la parution s’étalera tout au cours de l’année 2024 (février, mai, août et novembre), une chance pour ceux qui n’aiment pas commencer une série sans en voir la fin (ce à quoi nous a habitués Bragelonne par le passé). Quatre volumes pour comprendre ce qui relie Hélène (mais est-ce vraiment son nom ?), une jeune fille atteinte de narcolepsie, bloquée dans un orphelinat où elle reste isolée des autres pensionnaires, à Arès Varkoda, propriétaire sans pitié des laboratoires du même nom, connus pour leur pugnacité et leur manque total de respect de la nature. Quatre volumes pour découvrir le rapport entre les tribus habitant la jungle amazonienne et les femmes et les hommes vivant dans le monde-serre, petit univers aux créatures et à la végétation extraordinaires, dignes d’un film de Tim Burton.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Frédéric Dupuy ne manque ni d’imagination, ni de générosité. Et il offre tout cela au lecteur dans un débordement qui, avouons-le, surprend pas mal au début. Car la narration part un peu dans tous les sens. On a beau être habitué à jongler d’un arc narratif à un autre, ici les écarts sont assez vastes. Tout comme le ton, qui bascule du thriller amazonien à un récit plein de magie et d’enfance contrariée plus proche de la littérature YA sans un haussement de sourcil. Tout comme les personnages principaux : certains sont des adultes aux préoccupations quotidiennes typiques des personnes déjà intégrées dans la société, d’autres des jeunes filles et des jeunes garçons encore pris dans les rets de l’enfance. Enfin, l’univers classique du monde qui nous entoure est concurrencé, dans certains chapitres, par des pouvoirs à la Harry Potter, mais sans que le mélange ne se fasse naturellement. C’est le gros bémol de ce premier roman pourtant porté par un enthousiasme stimulant. Il faut souhaiter que dans le deuxième tome (sans doute paru à l’heure où vous lisez ces lignes), les différentes voix qui ont commencé à se réunir trouvent une unité de ton plus forte, afin d’homogénéiser l’ensemble un tant soit peu. Car la marche est parfois trop élevée d’un chapitre à l’autre, et l’effort demandé au lecteur pour poursuivre l’aventure s’avère non négligeable.

Saga atypique un brin naïve, aussi irrégulière dans son ton que rafraîchissante dans ses envies, « Arborescentes » fait toutefois montre de qualités qui pousseront à donner sa chance à un deuxième volet. Peut-être alors les personnages y perdront-ils leurs quelques traits caricaturaux et prendront-ils réellement leur envol, parvenant à embarquer les lecteurs dans leur univers où se mêlent cruauté, beauté, égoïsme et générosité. Peut-être...

Raphaël GAUDIN

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