Comme le hurle la couverture, Andy Weir est l’auteur de Seul sur Mars, premier roman très remarqué et porté à l’écran en 2015 par Ridley Scott. Après ce survival, l’auteur américain était attendu au tournant avec son deuxième roman. Quittant la planète rouge, Weir nous emmène sur notre satellite, quelques décennies dans l’avenir.
Artémis, c’est le nom de la déesse grecque associée à la chasse et la Lune. Mais c’est aussi celui de l’unique ville située sur notre satellite : une charmante petite bourgade de deux mille habitants, faite de cinq dômes nommés d’après les premiers astronautes ayant foulé le régolithe sélénite. La jeune Jasmine – Jazz – Bashara, fille d’un soudeur saoudien, vivote comme elle peut, tirant ses revenus des marchandises illicites qu’elle importe en contrebande ; plutôt habile avec ses mains (pour souder) et sa tête (pour souder sur la Lune), elle n’a rien contre effectuer deux-trois boulots pas très légaux. Justement, l’un de ses clients, le richissime Trond Lanvik, voudrait qu’elle sabote pour lui les quatre moissonneuses de la Sanches Corporation qui arpentent la surface lunaire pour en retirer de l’aluminium. Un petit coup de soudure ici et là, et hop, boum. Lanvik a un plan : problème, d’autres ne sont pas du même avis que lui quand ils ont vent de ses machinations. Bientôt, Jazz va faire beaucoup de soudure, et se retrouver prise dans un dangereux engrenage, qui, d’un bout de soudure à un autre, va aboutir à rien moins que faire peser une menace vitale sur Artémis. Sur un astre sans atmosphère, le moindre faux-pas se révèle souvent fatal. La moindre soudure foirée aussi. La jeune femme devra faire beaucoup de soudure, compter sur son ingéniosité et ses amis pour tirer la ville sélénite d’un très mauvais pas…
On sait gré à Andy Weir de ne pas reproduire Seul sur Mars avec ce deuxième roman. Néanmoins, une fois le livre refermé, Artémis laisse le sentiment d’une mission à moitié accomplie. La galerie de personnages, plus étoffée que dans son premier roman, présente des protagonistes taillés à la serpe. L’héroïne pleine d’entrain s’avère vite agaçante avec son humour constant et souvent pataud. Si Weir a le mérite de tenter d’écrire depuis la perspective d’une jolie jeune femme musulmane non pratiquante, sa tentative réussit surtout à sonner faux.
Avec un rythme allant croissant, l’intrigue se laisse lire, mais les nombreux passages techniques peinent à susciter l’intérêt (et c’est un lecteur fondu de Greg Egan qui vous le dit !) : on devine que l’auteur a potassé son sujet, mais l’énième passage où la Saoudienne soude finit par donner des envies d’autodafé au chalumeau. Dommage. Nulle inquiétude toutefois : ça fera un chouette film.