Janvier 1978. Une spirite remet à Robert Nielsen un manuscrit.
« “C'est de la part de votre frère.”
Mes soupçons se sont accrus. […]
“J'ignore qui vous êtes, mais si vous aviez effectivement connu mon frère, vous sauriez qu'il est décédé y a plus d'un an.” » Page 5.
Via ce manuscrit adressé à son frère, Chris Nielsen raconte sa mort dans un accident de la route, sa montée au Paradis (un endroit très chouette, malgré tous les préjugés qu'on pourrait nourrir à son encontre), la découverte des lieux, les amis de là-haut, le fonctionnement du déplacement instantané, etc. Il lui reste trente ou quarante ans à attendre que sa femme Ann le rejoigne, et alors qu'il commence à s'habituer à cette idée, sur Terre se produit l'inacceptable.
Il y a fort longtemps, dans un pays voisin mais néanmoins ami, un Écossais – il est fort peu probable qu’une femme ait pu avoir une telle idée à la con –, jeta un Mars (oui oui, la barre chocolatée) dans une friteuse allumée et inventa, par ce simple geste de pur terrorisme culinaire, cette abomination non-euclidienne qu’est le deep fried Mars. Au-delà de nos rêves est l’équivalent littéraire du deep fried Mars : un livre écœurant, suintant d’optimisme sucré et de bons sentiments lentement caramélisés à l’huile rance. Tout est atroce, douloureux (remplacez la goutte d’eau de la torture du même nom par du sucre de canne) : le rythme anémique du récit (le roman commence réellement page 177), l’écriture paresseuse, délavée au point de devenir transparente, la traduction française (on sent la souffrance de la traductrice à peu près à toutes les pages). Symptomatique d’un auteur qui renie l’Horreur de ses débuts pour embrasser la Foi, telles ces vieilles villageoises qui se transforment en grenouilles de bénitier et se rapprochent du prêtre au fur et à mesure que la mort étend son ombre et que leur ouïe décline, ce livre est un authentique cauchemar (par certains côtés, il est totalement effrayant, mais de façon oblique et fortuite). À côté d’Au-delà de nos rêves, Jonathan Livingston le goéland pourrait passer pour une production Rockstar, les petits génies derrière la franchise GTA.
Fuyez, pauvres fous !