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Les critiques de Bifrost

Au-delà de Sherlock Holmes

Poul ANDERSON
RIVAGES
120pp - 6,00 €

Bifrost n° 90

Critique parue en avril 2018 dans Bifrost n° 90

Les quatre textes qui composent Au-delà de Sherlock Holmes sont extraits du Big Book of Sherlock Holmes Stories d’Otto Penzler. Tous ont en commun de placer le plus grand détective du monde face à l’Imaginaire au sens large. Chaque texte est précédé d’une courte notice bio présentant son auteur.

L’ouvrage s’ouvre, hélas, sur la plus faible des quatre nouvelles. « L’Aventure du loup fantôme », d’Anthony Boucher, ne présente guère d’intérêt. On voit Holmes y trouver par inadvertance le sens caché derrière le conte du Petit Chaperon Rouge et en tirer une vérité première sur la préférence humaine pour les croyances admises contre les vérités nouvelles. Même le ton n’est pas vraiment le bon. « L’Affaire des patriarches disparus », de Logan Clendening, est très courte (2 pages). Amusant exercice de style, elle donne l’occasion à Holmes d’éprouver ses talents hors pair d’observation déductive pour retrouver au Paradis les parents disparus de l’humanité en mobilisant le paradoxe de l’omnipotence. Vient ensuite « Les Joyaux de la couronne martienne » de Poul Anderson. L’auteur SF s’y amuse à faire d’Holmes un martien, aussi aviaire qu’étonnamment proche de l’original. Il joue aussi à réutiliser le nom de John Carter, à transcrire Baker Street à la mode martienne, ou à mettre en scène un probable descendant de l’Inspecteur Gregson ; mais il oublie d’inclure un Watson martien. Mystère en chambre close dans l’espace interplanétaire, la nouvelle, fort sympathique par l’Holmes qu’elle donne à voir, lorgne du côté du « Diadème de Béryls » de Doyle. L’anthologie se clôt sur « Le Diable et Sherlock Holmes », de Loren D. Estleman. Texte plutôt fin et parfaitement dans le ton des nouvelles originales, la nouvelle confronte Holmes et Watson à un aliéné qui dit être le diable. L’assurance et la patience de Holmes sont bien présentes, sa faiblesse face à l’ennui aussi, ainsi que quelques références. Mais ce qui brille ici c’est l’amitié indéfectible que Holmes éprouve pour son partenaire, au point que sa légendaire rationalité est ébranlée quand s’y soumettre risque de placer Watson en danger. Un texte riche de compréhension de l’œuvre originale.

Inégal mais rapide à lire, le recueil vaut un coup d’œil, au moins pour les deux derniers textes. Et si on apprécie la confrontation de Holmes au surnaturel, on lira avec grand profit Sherlock Holmes et les ombres de Shadwell, chroniqué aussi dans ce numéro.

Éric JENTILE

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