Mélangez une pincée de Blues Brothers, un soupçon de Tex Avery, un bon morceau de Tolkien et une large once de talent : vous devriez obtenir quelque chose ressemblant aux Annales du Disque Monde.
Et donc, dans ce huitième tome (heureusement lisible indépendamment des précédents) de ce que l'on ne peut plus que qualifier d'immense saga (au moins par le nombre de pages, 400 pour ce seul volume, pas moins !), nous voici propulsés dans les méandres immanquablement burlesques d'une petite vie citadine.
Ainsi, dans la tentaculaire cité d'Ankh-Morpork, la vie s'écoule paisiblement : le Patricien gouverne, sans trop se fatiguer, les différentes Guildes (des Voleurs, des Assassins et autres) s'en mettent plein les poches dans le cadre légal des accords passés avec les autorités, et par-dessus tout ça, le Guet veille. Qu'est-ce que le Guet ? Simplement une poignée d'hommes censés assurer quelques tâches sans importances, au nombre desquelles on notera, par exemple, les patrouilles nocturnes et la sécurité des citoyens. Dans la pratique, des vieux de la vieille poussés par les turpitudes de la vie à cet emploi peu glorieux, des gars aussi roublards que les autres qui s'efforcent, bien entendu, d'éviter les embrouilles en en faisant le moins possible. Mais voilà que débarque une armoire à glace du nom de Carotte, un drôle de type dont l'idéal, décidément saugrenu, est de faire respecter la loi. Il n'en faut pas plus à l'auteur pour nous offrir une incroyable série de situations croustillantes, décrites avec la verve et l'humour qu'on lui connaît. Un humour qui s'attaque aussi bien aux situations (l'humain de deux mètres adopté par des nains et qui se cogne au plafond, la coquille que l'on offre à Carotte pour protéger ses parties intimes mais qu'il essaye en toute innocence d'adapter... à sa tête) qu'à des jeux de mots que l'on soupçonne à peine. En fait et comme toujours, pas mal des clichés de l'univers de la Fantasy passent à la casserole et sont repris dans une version plus... originale : le dragon cracheur de flammes que tout ennui intestinal peut faire exploser, l'invocation magique ou chacun psalmodie ce qui lui vient en tête, et ainsi de suite.
Une mention spéciale au traducteur (Patrick Couton), qui a su rendre l'efficacité de toute une série de jeux de mot dont l'interprétation, depuis l'anglais, n'a sans doute pas été une mince affaire ! Un exemple, pour le plaisir : lorsque le Guet voit son QG détruit par le fameux dragon, il est obligé de s'installer dans un local fourni par une riche mécène et qui se trouve être l'ancienne Maison des Orfèvres. Le groupe se surnomme donc, dorénavant... Guet des Orfèvres, bien sûr. Fallait le trouver, ça !
Enfin pour les mordus de Pratchett (dont nous sommes !), citons la parution pour juin, toujours chez l'Atalante, du neuvième volume des présentes Annales, intitulé Eric. De plus sachez que l'intégralité du cycle devrait être reprise sous peu chez Pocket au format poche.