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Les critiques de Bifrost

Aurora

Aurora

David KOEPP
J'AI LU
320pp - 20,00 €

Bifrost n° 110

Critique parue en avril 2023 dans Bifrost n° 110

Le 14 avril 2022 (ou pas, car l’année n’est pas précisée, mais c’est après les épisodes Covid), à 6 h 32, le satellite GOES-16 détecte une éruption solaire colossale. Un truc capable de griller sans coup férir tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un transformateur électrique. Les calculs sont faits, refaits, et refaits encore. Mais le résultat est sans appel : d’ici une poignée d’heures, toute l’humanité ou presque va se retrouver privée de la fée électrique pour une durée de plusieurs mois, voire de plusieurs années. La panique est totale. Le compte à rebours est commencé…

Vous n’en pouvez plus des zombies carnivores ? Les pandémies vous fatiguent ? L’apocalypse climatique vous file des boutons ? Rassurez-vous, David Koepp a pensé à vous : voici les EMC (pour éjection de masse coronale). La première moitié du bouquin se lit comme on regarde un film de Roland Emmerich : c’est clichetoneux à mort, hyper calibré, fabriqué, et en même temps on ne peut s’empêcher de continuer, ronchonnant un brin, mais demi-sourire amusé au coin des lèvres. Koepp, qui a bossé sur les scénarii de Jurassic Park, Panic Room et autre Mission Impossible, s’y entend parfaitement pour dérouler son affaire. Ça s’enfile tout seul : c’est bien simple, ce n’est pas un roman, c’est un suppo à la glycérine. La seconde partie délaisse plus ou moins le registre catastrophiste pour vaguement lorgner vers le thriller, voire le roman de mœurs, sans oublier de teinter son propos d’un semblant de satire so­ciale. Tout y est plus ou moins prévisible, mais si la qualité d’un bouquin se résumait à la rapidité à laquelle on en atteint l’issue, aucun doute, Aurora est un chef-d’œuvre.

À la fin du bouquin, David Koepp, en plus de tout un tas de personnes (dont plein d’agents en tous genres), remercie son… avocat. Ben ouais… Ce titre de la collection « Nouveaux millénaires », proposé à un prix très abordable (pas si courant, en ces pério­des inflationnistes) est la preuve que quelques centaines de pages imprimées, massicotées et collées à chaud dans une couverture cartonnée, ne constituent pas toujours qu’un roman. C’est parfois, aussi, un produit. Ce qui n’a en l’espèce rien de scandaleux, mais mieux vaut être prévenu.

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