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Les critiques de Bifrost

Aux ordres

Aux ordres

Louise CAREY
L'ATALANTE
448pp - 22,50 €

Bifrost n° 115

Critique parue en juillet 2024 dans Bifrost n° 115

Le futur, après l’Effondrement.

Tanta, pupiC d’InTech, va vivre sa toute première mission hors les murs de sa corpo. Elle s’y est préparée, elle ne peut ni échouer ni décevoir. Pourtant, l’impensable se produit. Un mystérieux agresseur attaque son équipe avant de s’enfuir avec les fichiers qu’ils étaient venus chercher. Pour InTech, aucun doute : les coupables viennent de Thoughtfront, la corpo rivale. Pas le temps pour Tanta de se remettre de ses émotions, le temps presse. Elle doit retrouver la trace de ces fichiers et regagner l’estime de ses supérieurs. Épaulée par le neuro-ingénieur Cole, la jeune femme débute son investigation. Mais son nouveau partenaire doute. Pourquoi Tanta est-elle si attachée à InTech ? Pourquoi prend-elle tellement à cœur les remarques — positives ou négatives — de sa hiérarchie ? Et quel est ce mystérieux programme Harlow qu’il découvre dans le neurOS de Tanta ?

Après La Cité de soie et d’acier (cf. Bifrost n°113) et The House of War and Witness (inédit de ce côté-ci de la Manche), co-écrits avec ses parents Mike et Linda, Louise Carey nous entraine, avec ce premier roman en solo, dans un futur aux allures de cyberpunk dystopique qui n’est pas sans évoquer celui de Neuromancien du maître William Gibson : société régie par des corporations rivales, performance au sein de l’entreprise comme unique étalon de la qualité humaine. Le parallèle avec nos sociétés de consommation et de productivité à tout prix est évident. Pourtant, les problématiques abordées ne sont qu’effleurées. Les questions éthiques du contrôle par la neuro-programmation, en particulier, pourraient (devraient ?) générer bien plus de débats. Ici, priorité est donnée à l’action, à l’enquête qui se déplie comme une évidence. Trop, en fait.

Le suspense est bien dosé, l’histoire rythmée. Les phrases courtes cadencent le texte, les conversations via neurOS, ce dispositif  de  programmation neurologique, donnent une nouvelle dimension aux outils de communication connus, s’apparentant presque à de la télépathie. Mais là encore, les événements s’enchaînent dans un système problème-résolution sans vraiment de complications ni aucun enchevêtrement d’imprévus. Chaque intrigue trouve sa solution avant que ne débute la suivante, avec une aisance qui confine à la simplicité. Jamais on ne frémit vraiment pour les personnages, car jamais ils ne se trouvent confrontés à une situation inextricable.

Reste un duo Cole/Tanta auquel on finit par s’attacher. Le véritable intérêt du roman réside d’ailleurs dans l’amitié naissante entre ce neuro-ingénieur amnésique et la jeune pupiC infectée par un programme qui la contrôle. Si l’on peut, au départ, avoir du mal à s’attacher au personnage de Tanta, trop corporate, trop insensible, trop froide, l’évolution drastique qu’on ressent la concernant, vers le milieu du récit, lui confère davantage de profondeur.

Un roman plutôt plaisant, peu exigeant, qui, du fait de son traitement des personnages et de l’univers présenté, conviendra avant tout aux jeunes lecteurs en quête d’un roman de cyberpunk simple à appréhender.

Éléonore BAILLY

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