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Les critiques de Bifrost

Critique parue en octobre 2009 dans Bifrost n° 56

Voici donc le second volet de la première « trilogie » du Canadien Robert Charles Wilson. Rappelons aux quelques étourdis qui ne l'auraient pas encore fait d'aller lire Spin, prix Hugo 2006 et Grand Prix de l'Imaginaire 2008 avant de s'aventurer dans cet Axis

Une trentaine d'années a passé depuis que la barrière du spin a disparu, rendant l'Humanité à l'univers alors que, dans l'océan, apparaissait l'Arc offrant aux habitants d'une planète désormais condamnée à brève échéance l'accès à un monde nouveau. Lise Adams arpente les alentours de Port Magellan, la plus importante agglomération d'Equatoria, à la recherche de son père disparu des années auparavant, sans se douter de prime abord que son enquête va la pousser à s'intéresser aux Quatrièmes Ages, et ainsi attirer sur elle l'attention du Département de sécurité génomique. C'est qu'aux yeux des autorités, ces quelques humains ayant clandestinement bénéficié du traitement de longévité martien mettent en danger l'intégrité du patrimoine génétique humain et risquent de mettre à mal les schémas sociaux et économiques qu'elles espèrent bien reproduire sur le nouveau monde. Et alors qu'Equatoria se trouve paralysée sous d'épaisses couches de cendres où fleurissent d'étranges phénomènes, Isaac, jeune garçon solitaire élevé par une communauté de Quatrièmes, attend au cœur du désert en contemplant l'Ouest…

Tandis que Spin, malgré une intrigue se déroulant sur plusieurs décennies, maintenait un rythme haletant, l'action d'Axis se resserre, et sur un rythme plus lent ne couvre que quelques semaines, sans jamais franchir les limites du Nouveau Monde. On ne saura d'ailleurs pas grand-chose de l'évolution de la situation sur Terre, et l'on n'apprendra quasiment rien de plus sur le spin et les Hypothétiques. Après la démesure du premier volume, le second peut donc sembler moins ambitieux : pour étranges qu'elles soient, les floraisons de cendres ne peuvent rivaliser avec la disparition des étoiles, pas plus que la quête de Lise avec la course engagée dans Spin pour la survie de l'Humanité. Mais c'est surtout par l'effet d'un changement d'échelle que les enjeux directement liés aux Hypothétiques restent à l'arrière-plan. L'intrigue a cette fois une dimension plus immédiate, et alors que Spin donnait à Wilson l'occasion de travailler ses personnages sur la durée d'une vie entière, ceux d'Axis sont dépeints avec minutie au pivot de leur existence. Qu'ils parviennent ou non au dépassement de soi, chacun incarne à sa manière les différents aspects et réactions d'une Humanité en crise, contrainte de se couper de ses racines, de son passé, et sans doute de se réinventer au moment même où elle n'a plus d'autre choix que de faire face à l'inconnu, à l'indifférence de l'univers.

Dans le cadre plus posé de ce nouveau roman, Wilson, fidèle à sa recette, contemple à nouveau l'humanité à travers ses personnages, d'un regard profondément humaniste et lucide, développant sous couvert de science-fiction des problématiques existentielles.

Deuxième volet d'un triptyque plutôt que suite à proprement parler, moins impressionnant que son prédécesseur mais sans aucun doute nécessaire à l'équilibre final de l'édifice, Axis prolonge sous un angle différent les thématiques de Spin, prend le temps d'approfondir le mystère des Hypothétiques, posant plus de nouvelles questions que ne répondant à celles déjà soulevées, brève respiration avant le feu d'artifice annoncé de la troisième partie qu'on attend avec plus d'impatience encore…

Olivier LEGENDRE

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