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Les critiques de Bifrost

Balade choreïale

AYERDHAL
AU DIABLE VAUVERT
384pp - 18,00 €

Critique parue en avril 2025 dans Bifrost n° 118

Entre les deux volumes de la série « Daym », Ayerdhal offre à ses lecteurs une nouvelle incursion dans l’univers de l’Homéocratie. À la différence de Tehani dans Le Chant du Drille, la planète Azir est peuplée par une espèce indéniablement intelligente, vaguement humanoïde, qui se répartit sur le principal continent en une myriade de micro-États rivaux, les chorês. Et voilà qu’arrivent les humains — surnommés tour à tour yoomans ou Nobles Donneurs par les autochtones. Tout le monde a conscience que ce premier contact va changer les choses, en particulier pour les aziris, moins avancés technologiquement et a priori sans grands moyens pour lutter contre l’avidité de qui vous savez.

Méline,  ambassadrice humaine, a pour principale interlocutrice l’azirie Nerbrume, qui dirige l’une des chorês les plus puissantes. La première est satisfaite d’avoir face à elle une unique voix ; la seconde sait qu’il s’agit là d’une chance unique pour son rêve d’unir Azir sous une même bannière. Cela d’autant plus que les intentions de Méline n’ont rien de mauvaises.

Voilà pour le contexte. Le roman débute lorsque Thémys, le mari de Méline, débarque sur Azir. Contre toute attente, il va se prendre de passion pour cette planète, son peuple et son sport, le lo-yendi, qui regroupe différents types de courses sur des pentes rocheuses. Car sur Azir, l’évolution n’a pas amené à l’apparition d’animaux de trait : le principal mode de déplacement est la course à pied. Et c’est précisément le lo-yendi qui va catalyser les tensions entre humains et aziris.

Dans son interview-carrière accordée à Richard Comballot en 2010 pour partie reproduite dans ce numéro, Ayerdhal explique qu’il a « transposé l’Afrique sur une autre planète et […] raconté ce que sont les colonialistes. » Dont acte. Pour autant, l’écrivain évite de chausser de gros sabots et n’oublie pas de faire de Balade choreïale un roman d’aventure politique qui croît en puissance jusqu’à un dénouement en forme de feu d’artifice. De manière inattendue, les pages consacrées à la pratique du lo-yendi suscitent un vif intérêt. Comme souvent avec l’auteur, le récit va vite, un peu trop, quelques rebondissements font hausser les sourcils… mais une nouvelle fois l’humanité et la générosité qui débordent de l’ensemble font mouche. C’est là l’essentiel.

 

 

Erwann PERCHOC

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