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Les critiques de Bifrost

Blue

Joël HOUSSIN
FLEUVE NOIR

Critique parue en janvier 1998 dans Bifrost n° 7

 

Et encore une nouvelle collection S-F ! Y a pas à dire, les auteurs doivent se frotter les mains : côté débouchés, y a de l'ouverture. D'autant que « Poche Revolver S-F » devrait principalement, voire exclusivement, proposer des textes français. Voilà une chose qu'elle est bonne ! Autre excellente initiative, la volonté affichée de mitiger les titres proposés entre inédits et rééditions (à moins que ce ne soit qu'un choix marketing pour lancer la collection, ce qui est toujours envisageable). On insistera jamais suffisamment sur l'importance des rééditions : entretenir un fonds suffisant d'ouvrages disponibles, c'est travailler pour l'histoire, pour la pérennité d'un genre.

Blue est le premier titre de cette nouvelle collection et, aussi, sa première réédition — une réédition clairement avouée sur la quatrième de couverture, précision qui peut paraître aller de soit mais que certains éditeurs ont tendance a fréquemment oublier (voir plus haut chez J'Ai Lu avec Mytale). Et pour une première, c'est un bien joli coup.

Monde ravagé, guerres de gangs meurtrières dans un univers post-apocalyptique, on retrouve ici toute la violence de l'auteur des Dobermann (oui oui, les bouquins qui ont inspiré le film de Kounen — en cours de réédition chez le même éditeur), le dynamisme de l'accoucheur de Le temps du twist (un ouvrage sans doute plus abouti que Blue, disponible chez Denoël et qui valut à Houssin le Grand Prix de l'Imaginaire en 91). On se bat, on intrigue, on se tue, et tout cela dans un but, un objectif ultime : parvenir à franchir le titanesque mur qui entoure La cité, une muraille énorme défendue par les terribles Néons, un clan de guerriers énigmatiques, silencieux et dotés d'étranges facultés. Mais pour découvrir quoi, au fait ?

Si Blue n'est pas un chef-d'œuvre (pas celui d'Houssin, en tout cas…), c'est néanmoins un ouvrage d'une efficacité certaine, un court roman à la saveur délicieusement surannée (les thématiques de fins du monde sont nettement passées de mode, mais qu'importe), une occasion supplémentaire de regretter le départ de l'auteur vers les horizons mieux fournis en dollars du secteur de l'audio-visuel — un mercantilisme qu'on ne peut qu'excuser aux vues de ce que gagne généralement un auteur de S-F en France…

À redécouvrir, donc, en se souvenant que ce roman a fait l'objet d'une adaptation BD très personnelle de Gauckler, un album qu'on trouve encore sans trop de problèmes chez la plupart des soldeurs (15 FF chez Gibert, à Paris, et en plus en bon état, y a pas de quoi fouetter un huissier), et en regrettant, ça et là, les quelques coquilles de la première édition que l'éditeur a visiblement souhaité conserver, par souci d'authenticité, sans doute…

Olivier GIRARD

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