Juliette NINET
FLORENT MASSOT PRESENTE
13,90 €
Critique parue en avril 2003 dans Bifrost n° 30
C'est une histoire de militaires…
C'est une histoire militariste.
Comme d'habitude, il y a la guerre. Les Bexans, une civilisation exclusivement impérialiste, agressive et expansionniste, envahissent monde après monde. Ils ont en face d'eux l'Empire, le Consortium et les libertaires…
Après la conquête d'Elwinor, le commandant Heerto, héros de celle-ci, tue un prisonnier de guerre précieux qui s'avère être, comme lui-même, un agent de l'empire. Puis il s'enfuit dans la jungle en compagnie de Cleis, une prisonnière désormais détentrice des secrets du défunt. Ils seront finalement capturés au sortir de la sylve, juste après avoir mis la main sur la méchante petite boite noire après laquelle court toute la galaxie.
Ailleurs, un autre agent impérial, Tomas Costello, nous la joue Piège de cristal de Thaleb à Jonction avec toutes les forces du consortium à ses trousses et une prime d'un million sur sa tête. Il détale comme un dératé à travers l'espace, foutant le feu aux astronefs…
Dire que l'intérêt est limité tient de l'euphémisme. Ça flotte entre Star Wars et Peter Randa et ce n'est pas l'écriture qui va sauver cet ouvrage. L'auteur semble être en délicatesse avec le futur, un comble pour qui écrit de la S-F : « Un jour, Konden, c'est moi qui te foutrais sur la gueule » (p. 10) ; et la concordance des temps : « Si vous vous battez pour Engruin, je me battrais pour vous » (p. 206), ou « Dépêche-toi ! Dans quelques minutes, je ne pourrais plus le faire… » (p. 92). Et aussi : « à contempler l'immense astroport de Thaleb, l'un des plus vastes astroport de l'espace » (p.19) ; ou encore : « La violence de certains (sérums) qui rendaient aussi débilitants qu'un camé en dernière phase » (p.275). De grâce, arrêtons là ce florilège.
La prose de Juliette Ninet nous rappelle étrangement des textes dûment récompensés en fin du précédent numéro de Bifrost, une structure narrative très voisine et tout aussi élaborée, la même originalité dans l'intrigue, des personnages aussi fouillés et une richesse de vocabulaire qui laisse pantois et dont on peut juger ci-dessus. Avec Juliette Ninet, l'idée que les femmes ont une meilleure maîtrise de la langue que la gent masculine va prendre une bonne claque. On l'a dit : c'est du niveau de Peter Randa. Randa écrivait certes mal, mais au moins sa prose à lui était-elle rythmée là où celle de Ninet n'est que lourdeurs et redondances. Casiora est aussi mauvais que La Compagnie des clones de Pelosato, mais bien plus gros pour un prix comparable. Sauf qu'à ce niveau, on est plus du tout certain qu'en avoir quatre cents pages plutôt que cent vingt, même pour un prix identique, soit vraiment un avantage… Ce premier volume de ce qui s'annonce comme une trilogie devrait s'imposer durablement comme la nouvelle référence de la médiocrité. Une lecture indispensable pour qui veut savoir ce que mauvais veut dire.