En 2007, Jason Pargin, rédacteur en chef du site humoristique cracked.com, faisait paraître sous le pseudonyme de David Wong un premier roman, John meurt à la fin, évoquant un Ghosbusters sous un prisme lovecraftien passé à la moulinette d’un humour très potache. Alléchant sur le papier, mais moins à la lecture : trop long, mal (ou pas) édité, John meurt à la fin finit par lasser.
Ce livre est plein d’araignées prend place un an après les événements narrés dans John meurt à la fin. De toute évidence, John est toujours vivant et David Wong, l’auteur-narrateur, travaille toujours au vidéoclub de la ville de [Confidentiel]. Il suit une psychothérapie depuis qu’il a tiré à l’arbalète sur un livreur de pizzas, et tente de vivre heureux avec Amy, sa copine manchote. Mais les choses dérapent très vite lorsque David est attaqué par une araignée monstrueuse. Problème : elle est invisible aux yeux de tous – sauf ceux qui, comme David ou John, ont goûté à la Sauce Soja, substance non-identifiée et absolument non-identifiable, procurant des pouvoirs de vision à qui en ingère. Un officier de police arrive, et se retrouve pris sous le contrôle de la bestiole affreuse. C’est déjà passablement le bazar, mais le chaos augmente d’un cran lorsque ce sont des myriades d’araignées (toujours invisibles) qui débarquent depuis une faille dans la maison de David et se hâtent de transformer tout le monde en zombie (grosso modo). Une zone de quarantaine est décrétée, avec [Confidentiel] pour épicentre. Si John et Amy parviennent à en sortir, ce n’est pas le cas de David. Ses amis (enfin, Amy plus que John) vont tout faire pour l’en sortir. Et si possible sauver le monde. Car il se pourrait bien que ces araignées ne soient qu’un épiphénomène au regard d’une menace plus grande encore…
Si vous adoré John meurt à la fin, vous risquez fort d’adorer Ce livre est plein d’araignées pour les mêmes raisons. Si vous avez détesté John meurt à la fin, vous risquez fort de détester Ce livre est plein d’araignées pour les mêmes raisons – encore que ce deuxième tome s’avère supérieur en qualité au premier. Humour crétin, très souvent au ras de la ceinture, punchlines régulières, histoire délirante : le cocktail ne change guère. Toutefois, Wong mène mieux sa barque et le récit tient à peu près la distance, en dépit d’un ventre mou et d’une longueur demeurant excessive (les blagues les plus courtes restent les meilleures), avec des personnages ayant acquis de la substance. Ce que le roman gagne d’un côté en romanesque, il le perd quelque peu en inventivité et délire, et les tentatives de « sonner cool » paraissent parfois un tantinet forcées.
David Wong demeure cependant un auteur loin d’être dépourvu de potentiel. Ne reste plus qu’à espérer que Futuristic Violence & Fancy Suits, son troisième roman, inédit en français, sans lien avec John meurt… et Ce livre…, soit d’un calibre supérieur à celui des deux premiers.