Derrière une couverture dont on peut dire beaucoup de choses, mais certainement pas qu'elle est hors sujet ou qu'elle manque d'ambition, se cache le premier recueil de nouvelles de Thierry Di Rollo, auteur lyonnais mais qu'on verrait plutôt rescapé d'un pays qui, ces cent dernières années, a connu plus de périodes de guerre/famine/peste que le reste du monde réuni — un auteur bien connu des lecteurs de Bifrost et dont le septième roman, Le Syndrome de l'éléphant, paraîtra en mai 2008 aux éditions Denoël en littérature générale.
Sept romans, un petit recueil — de la noirceur ; de la violence ; de la concision ; du sexe mais pas d'amour ; de l'amour, parfois, mais toujours chargé d'une folie brûlante —, Thierry Di Rollo a maintenant, et indéniablement, ce qu'on appelle une œuvre. Pour ceux qui ont le courage de s'y frotter, ce corpus ne fait jamais long feu ; cohérent, ses éclats de plomb fondu nous traversent en biais, le plus souvent de l'estomac (d'abord) à la cervelle (enfin).
Les quatre nouvelles de Cendres s'intègrent parfaitement à l'œuvre dirollienne… que ce soit l'histoire du réfugié Renaud né « à l'époque où les maris pouvaient encore assister à l'accouchement » ; que ce soit celle de cet homme qui, blessé/brisé pour d'obscures raisons politiques, rêve de papillons jaunes ; ou cette jeune fille prisonnière d'un pseudo-comte Zaroff qui ne supporte pas l'odeur des menstrues ; ou, enfin, celle de ce manipulateur temporel obsédé par la chanson des Beatles Eleanor Rigby.
Ce recueil est par conséquent une très bonne porte d'entrée pour découvrir l'œuvre de Thierry Di Rollo, un apéro sang et encre, nappé de cendres — du rouge, du gris, du noir, dont le papillon est le contrepoint parfait car jaune. Cendres vaut donc un coup d'œil, et sans doute plus. Cependant, à titre personnel, je conseillerais plutôt le plat de résistance : le diptyque La Lumière des morts/La Profondeur des tombes (Le Bélial', disponibles en poche chez Folio « SF »)… car quand on souhaite voir la guerre/famine/peste, les vraies, le plus simple c'est encore de sauter en parachute au beau milieu.