J.C. HUTCHINS, Jordan WEISMAN
SUPER 8
350pp - 20,00 €
Critique parue en janvier 2015 dans Bifrost n° 77
Malgré leurs couleurs criardes très seventies (orange et jaune, nom de Zeus !), les ouvrages des éditions Super 8 savent attirer le geek qui sommeille en chacun de nous : titres mystérieux, quatrièmes de couverture aguicheurs et thèmes dans le vent des films et séries qui ont bercé nos heures perdues. Chambre 507 ne déroge pas à la règle.
L’institut psychiatrique de Brinkvale, construit dans le trou titanesque d’une carrière de New-York en 1875, abrite les pires fous dangereux qu’on ne peut laisser à proximité des gentils citoyens de la ville (un peu comme l’asile d’Arkham où sont enfermés les ennemis de Batman, en fait). Le jeune art-thérapeute Zachary Taylor y exerce son métier avec passion. Ses résultats probants poussent son supérieur hiérarchique à lui confier un dossier délicat : celui de Martin Grace, accusé des meurtres d’une douzaine de personnes à qui il avait prédit qu’elles allaient mourir. Zachary devra déterminer si Grace, devenu aveugle après cette série d’homicides, est mentalement apte à comparaître devant une cour de justice ou s’il doit finir ses jours à moisir au fond d’une cellule capitonnée.
Les séances d’examen tournent vite au jeu du chat et de la souris (un peu comme dans Le Silence des agneaux, mais on ne va pas insister…), néanmoins Zachary acquiert rapidement la conviction que l’homme enfermé dans la chambre 507 n’est ni coupable de ce dont on l’accuse, ni celui qu’il prétend être.
Malgré son manque d’originalité, Chambre 507 se lit rapidement et non sans quelques moments agréables. Les personnages stéréotypés sont aussi attachants que jetables : leurs petits tics et caractéristiques amusent mais ne suffisent pas à leur donner une réelle profondeur. L’histoire se déroule tambour battant en développant nombre d’intrigues secondaires qui aident la tension à se maintenir de page en page. Ce qui nous amène au défaut majeur de cet ouvrage : la fin.
Les auteurs ont pris parti de rester sur la mince ligne séparant le thriller réaliste du récit fantastique en n’élucidant pas ne serait-ce que le tiers des questions qu’ils ont soulevées dans leur bouquin. Une fois reposé, Chambre 507 laisse le goût d’un épisode pilote dont on n’a aucune chance de connaître la suite (paru en 2009 aux Etats-Unis, une suite semble maintenant peu probable). Est-ce un hasard si la chaîne câblée américaine Starz en a acheté les droits ? Toujours est-il qu’on attend légitimement plus d’un roman que du scenario d’un épisode de série télévisée. Fût-il le premier.
Chambre 507 n’a finalement qu’une qualité : parfaitement dispensable, il se lit comme il s’oublie. Le cœur léger.
NB : Pas de bon point pour les éditions Super 8, qui ont escamoté illustrations et documents de la version originale. Pas très geek, tout ça…