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Les critiques de Bifrost

Chronique de droit martien

Philibert LEDOUX, Hervé CROZE
ERICK B
20,90 €

Critique parue en janvier 2023 dans Bifrost n° 109

Notre collaborateur Raphaël Costa s’attache à le prouver depuis plusieurs numéros de votre revue préférée, science-fiction et droit n’ont rien d’antinomique. Après tout, nous vivons dans une société régie par le droit, et il est donc normal que la SF s’y intéresse. Notre genre de prédilection en Bifrosty fonctionne, on le sait, volontiers comme un miroir volontiers déformant. Pour mieux se voir dans ledit miroir, prendre un peu de distance est souvent utile. Disons celle qui nous sépare de la planète Mars. Sous-titré « Journal de voyage de Philibert Ledoux sur la Planète rouge », Chronique de droit martien adopte une forme double : entre les entrées du journal du (fictif) juriste et voyageur interplanétaire Philibert Ledoux s’intercale son essai sur le droit en vigueur là-bas et ses comparaisons avec le droit humain – ou plus spécifiquement le Code civil français. Le voyage dudit Philibert se déroule en 1977, dans un monde qui n’est pas tout à fait le nôtre : Mars y est habitée par des autochtones humanoïdes (et, pour une raison inconnue de tous, des kangourous), découverts quelques années auparavant. Ce voyage sera l’occasion pour le professeur de droit – et pour le lecteur – de traverser cette planète qui fit rêver tant de monde, de découvrir la civilisation martienne, et d’en apprendre un peu plus au passage sur le droit. L’auteur y aborde le droit de l’espace, questionne la notion d’humanité et la pertinence de son application aux martiens, et détaille de nombreuses particularités d’iceux – du fait que les maisons sont propriétaires de leurs occupants aux spécificités de l’élevage de soucoupes volantes.

Las, si le programme est alléchant en soi, cette Chronique… peine à passionner. Plusieurs défauts plombent malheureusement le roman : celui-ci pèche du point de vue romanesque, qui fleure bon la SF à papa, voire grand-papa, et s’achève là où les choses deviennent plus palpitantes. L’humour constant finit par agacer, et la civilisation martienne fait moins rêver – autant relire Burroughs, Bradbury et Brackett. Reste l’expérience de xénopensée, ou plutôt de xénodroit, plus réussie mais parfois lassante sur la longueur. Au bout du compte, l’ouvrage parlera peut-être davantage aux amateurs de droit curieux de SF qu’aux amateurs de SF curieux de droit. Dommage.

Erwann PERCHOC

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