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Les critiques de Bifrost

Ciel profond

Ciel profond

Patrick LEE
L'ATALANTE
352pp - 19,90 €

Bifrost n° 72

Critique parue en octobre 2013 dans Bifrost n° 72

Dans bien des trilogies, le deuxième tome se révèle être un volume de transition en retrait par rapport au premier et au dernier, et celle-ci n’échappe pas à la règle. Le Pays fantôme, pour remuant qu’il soit, n’apporte pas grand-chose à l’ensemble. Sa lecture laissait imaginer que Patrick Lee allait nous entraîner dans une trépidante série plus ou moins longue, exploitant à chaque fois une entité inédite sortie de la Brèche. Eh bien, il n’en est rien !

Ça commence en fanfare par l’assassinat du président des Etats-Unis, Richard Garner, à coup de missile sur la Maison Blanche. Seul indice : « voir scalaire », laissé comme un coup de bâton dans une fourmilière histoire de juger du résultat… « Scalaire » se révèle avoir été une enquête de Tangent (l’agence en charge de la Brèche) si secrète que nul ne sait plus de quoi il retournait. On retrouve bien entendu Travis Chase et Paige Campbell aux premières loges. Pourquoi « scalaire » ? Ce serait la marque d’un calepin ! Patrick Lee a du trouver le mot fort joli et mystérieux à souhait… Et Chase court après le fameux calepin dans sa mémoire d’événements qui n’ont jamais eu lieu grâce au « fausset », l’entité autour de laquelle s’articule ce troisième tome. Les héros s’évertuent à comprendre les raisons ayant poussé Peter Campbell (le père de Paige, directeur de Tangent avant elle, vous suivez ?) à diligenter cette fameuse enquête « scalaire ». D’autres, menés par le nouveau président Holt, ne l’entendent pas de cette oreille, et emploient les grands moyens pour leur mettre des bâtons dans les roues… Bref, l’action ne manque pas et rien n’empêche les héros de remonter de fil en aiguille une suite d’indices particulièrement ténus et un brin capillotractés qui finiront par plonger Chase en pleine « vraie science-fiction ».

Au final, on a clairement l’impression qu’il a été décidé que ce qui s’annonçait comme une série à rallonge devait être transformé en une trilogie finie. Patrick Lee a, certes, bouclé la boucle, mais sans pouvoir faire mieux que de laisser nombre de questions sans réponses.

On ne sait pas ce que va devenir la seconde Brèche ouverte par « scalaire », qui s’avère dangereuse, ni pourquoi le gardien en a été tué. On ne peut que conjecturer sur les raisons poussant Holt à vouloir savoir qui devait pénétrer dans la Brèche en 2016, mais on reste dubitatif quant à celles qui l’on conduit à liquider ceux censés amener la personne idoine en temps et en heure au bon endroit. A la fin du volume initial, Chase reçoit des messages de Paige et de lui-même censés avoir été transmis au péril de leurs vies, ce que rien ne vient confirmer. Hormis ce message et le Chuchoteur (une entité), on comprend mal la raison de transmission des autres entités, d’autant que ni le Garner ni le Chase futurs n’expliquent rien en la matière.

Patrick Lee sort de sa trilogie à la manière d’un gymnaste qui perd son équilibre au sortir de son agrès. Reste un roman d’action mené tambour battant…

Jean-Pierre LION

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