Nicolas BOUCHARD
ENCRAGE
168pp - 11,20 €
Critique parue en novembre 1999 dans Bifrost n° 15
Après Terminus Fomalhaut, un premier roman bourré de défauts et pourtant sympathique, et au moment où paraît son deuxième au Fleuve Noir, Nicolas Bouchard publie ici son troisième livre, le plus abouti (dans une collection, « Lettres-SF », qui publia son premier ouvrage et qui semble, à l'heure ou paraissent ces lignes, au mieux en sommeil et au pire définitivement arrêtée). Certes, Colonies parallèles n'a rien d'original. On est même en pleine « science-fiction de bon-papa ». Jugez-en : quelques siècles dans le futur, la Terre est polluée et surpeuplée. Il a donc été décidé de coloniser le passé d'univers parallèles, où quelques grandes familles (ou parentèles) produisent ce dont ont besoin leurs concitoyens. La jeune Marie-Aïno Svinkoïnen et tout son clan, connu pour ses harengs qui nourrissent un cinquième de la population, ont décidé de quitter le monde préhistorique qu'ils habitent pour s'installer trois mille ans avant J.C., dans l'empire sumérien. L'idée semble à priori bonne et leur permet de grimper les échelons de la société terrienne. Pourtant, il semble que la parentèle ayant précédemment occupé cet univers ait disparu corps et biens. Le déménagement marquera pour Marie-Aïno le début d'une aventure qui ne lui laissera pas une minute pour respirer…
On ne trouvera dans ce roman strictement rien qu'on n'aurait pu trouver cinquante ans plus tôt dans n'importe quel magazine de science-fiction. Ce qui n'empêche qu'on s'y amuse beaucoup. Nicolas Bouchard maîtrise infiniment mieux son écriture qu'à ses débuts, et n'est plus obligé de noyer son récit sous des flots de dialogues pour masquer ses carences stylistiques. Quant à son histoire, aussi peu originale soit-elle, elle est suffisamment riche en péripéties, en décors et en personnages pour qu'on la suive avec un intérêt égal. En somme, on prend ici le même plaisir que l'on trouve à lire les Jimmy Guieu signés Roland C. Wagner (oups, pardon, Richard Wolfram), ni plus ni moins. Ça ne vole guère haut, mais après tout le rase-mottes a aussi ses avantages.