Frédéric LANDRAGIN
LE BÉLIAL'
272pp - 18,90 €
Critique parue en janvier 2019 dans Bifrost n° 93
Fort du succès de Faire des sciences avec Star Wars de Roland Lehoucq et des dossiers « Scientifiction » dans la revue Bifrost, le Bélial’ se tisse un habit de vulgarisateur de science et lance une nouvelle collection dédiée à la transmission du savoir, « Parallaxe », dotée d’une identité visuelle forte et belle, conçue par Cédric Bucaille. Ainsi, deux fois l’an, Olivier Girard (son fringant éditeur) et Roland Lehoucq (son savant directeur) se lanceront cheveux au vent à l’assaut des ombres de l’ignorance. « Parallaxe », c’est une question de point de vue, celui de la science-fiction sur le monde et de la science sur la fiction. Deux titres en assurent l’ouverture : La Science fait son cinéma de Roland Lehoucq (astrophysicien) et Jean-Sébastien Steyer (paléontologue), et Comment parler à un alien ? de Frédéric Landragin (linguiste). Pour aborder des sujets aussi distincts que la relativité en physique ou l’hypothèse de Sapir-Whorf en linguistique, les deux titres adoptent des approches différentes.
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Comment parler à un alien ? prend lui la forme d’un exposé sur les recherches actuelles en linguistique, plus cohérent dans sa structure, et focalisé dans son propos. Le livre s’intéresse à deux théories qui ont motivé plus particulièrement les auteurs de SF : celle de la grammaire universelle de Chomsky et celle de Sapir-Whorf sur l’influence du langage sur notre perception du monde. À travers l’étude de linguistique-fictions emblématiques, de L’Enchâssement (le Bélial’) de Ian Watson à « L’Histoire de ta vie » de Ted Chiang (dans le recueil La Tour de Babylone - « Folio SF »), et de nombreuses autres encore, l’auteur introduit progressivement le lecteur au vocabulaire et aux concepts de la linguistique moderne, jusqu’à les lui rendre familiers. Il raconte l’évolution des langues naturelles, celles que l’on parle, puis celle des langues synthétiques, celles que l’on crée, pour aboutir finalement à la question de la communication avec une espèce autre, aussi différente que pourrait l’être un extra-terrestre, et de toutes les difficultés qu’elle implique. Frédéric Landragin livre un texte passionnant, pointu dans ses concepts, qui reste accessible au béotien.
Ces deux ouvrages s’adressent essentiellement aux lecteurs de science-fiction. Les références à des œuvres plus ou moins connues y sont nombreuses, et il est utile de s’y entendre pour apprécier pleinement le propos. Cela étant, les deux titres réussissent magnifiquement l’exercice délicat de la vulgarisation scientifique. Notons enfin que la collection accomplit un pas de titan en traitant de la science-fiction non plus simplement en tant qu’objet, mais aussi en tant que source de savoir. Chapeau !