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Les critiques de Bifrost

Contes de la nuit

Contes de la nuit


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SEUIL
284pp - 20,30 €

Bifrost n° 33

Critique parue en janvier 2004 dans Bifrost n° 33

Il est probable qu’une grande majorité des lecteurs de Bifrost n’a jamais lu un livre de Peter Höeg. Pourtant cet auteur n’a eu de cesse, dès son premier livre, L’Histoire des rêves danois, d’introduire de l’imaginaire, voire de la science-fiction pure et dure, dans sa « grande » littérature, à tel point qu’il a été comparé à Jules Verne à ses débuts.
Il suffit de se pencher sur ses trois grands romans, Smilla et l’amour de la neige (un thriller scientifique de haut vol mettant en scène, entre autres, une météorite et des parasites extraterrestres), Les Enfants de la dernière chance (une histoire d’enfants différents, je n’en dirai pas plus), La Femme et le singe (tout est dans le titre), pour s’en convaincre.
Les Contes de la nuit dont il est question ici-bas se déroulent le 19 mars 1929, la nuit, à Lisbonne, à Copenhague, au Congo ou plus près de nous, à Saint-Cloud. Ils mettent tous en regard l’amour et une discipline (peinture, danse…) ou une science (astronomie, sismologie, mathématiques…). Huit façons de décrire la passion (ou son absence), huit destins parmi lesquels surnagent principalement  « Le Jugement du président de la cour suprême, Ignatio Landstad Rasker » et « Voyage vers un cœur noir », un hommage très appuyé au Cœur des ténèbres de Conrad.
Outre le côté profondément insolite de deux de ces huit contes, si l’on admet qu’écrire de la science-fiction c’est, parfois, écrire sur la science, rêver ou repenser la science, alors il n’y a pas de doute, nous sommes en terrain connu. Tout comme dans Smilla, Peter Höeg profite de ces contes pour nous communiquer sa passion des mathématiques, de l’astronomie, de toutes ces disciplines qui semblent à priori ennuyeuses, mais qui, confrontées à l’amour, servies par un style exemplaire, acquièrent un relief tout particulier.
« Devenir homme parmi les hommes re-quiert la capacité d’endiguer son besoin d’amour. Devenir citoyen, celle de l’endiguer et de le canaliser. Celui qui peut consacrer sa vie entière à ce travail d’ingénierie érotique pourra devenir un grand fonctionnaire. Celui qui ne peut ni le canaliser, ni y consacrer sa vie peut devenir un pauvre diable. Ou un artiste. Ou quelque chose d’autre, de tout à fait imprévisible. » Page 9.
Voilà donc un livre de haut vol, inégal comme il se doit puisqu’il s’agit d’un recueil de nouvelles, mais servi par une traduction d’une ultime élégance. Un ouvrage que l’on conseillera en premier aux fans de Peter Höeg, mais surtout à ceux qui sont capables de s’intéresser aux malheurs des riches 288 pages durant, ce qui peut parfois poser problème. Quant aux autres, qu’ils se jettent sans hésiter sur Smilla et l’amour de la neige ou le très sturgeonien Les Enfants de la dernière chance ; c’est résolument de la science-fiction et définitivement meil-leur que quatre-vingt-dix pour cent de la production actuelle (ce qui n’est pas difficile, me murmure mon rédac’chef adoré).
 

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