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Les critiques de Bifrost

Contes hybrides

Lionel DAVOUST
1115
144pp -

Critique parue en janvier 2020 dans Bifrost n° 97

Avec le conte ouvrant le recueil, « Le sang du large », nous lisons les états d’âme d’un écrivain de fantasy, Paul Whittemore, qui a rapidement connu le succès. Le fantastique fait peu à peu son apparition sous la forme d’une sirène qui ne se montre que les jours de désespoir. La métaphore est claire : cette créature aquatique, c’est la muse de Whittemore, son inspiration. Le narrateur, et peut-être l’auteur à travers lui, livre ainsi son ressenti : le désespoir déclenche la création. Et quand le créateur rencontre sa créature, le premier se sent revivre, sauvé, et la seconde s’avère son moteur créatif. Il s’agit là d’un conte très séduisant sur l’amour du pays de l’imaginaire, ainsi qu’une subtile histoire en trompe-l’œil.

Le deuxième conte, « Point de sauvegarde », relève quant à lui de la science-fiction. Dans un futur hautement technologique, l’humain a fusionné avec la machine pour devenir une créature cybernétique ; seul le cerveau reste organique. Ainsi sont conçus les invincibles soldats d’élite, en réalité d’anciens condamnés à mort. Leur mission consiste à mater les rebelles et neutraliser le brouillage qui dissimule le site à leurs satellites. Cette entreprise va se révéler plus ardue que prévue, et la révélation finale sera aussi déroutante que cauchemardesque – on appréciera la façon dont la technologie s’avère tour à tour addictive et aliénante.

Le troisième et dernier conte, « Bienvenue à Magicland », est plus psychologique sous ses atours fantastiques : à Magicland, on visite des enclos à licornes et hippogriffes, et l’on peut y croiser Garam, troll et agent d’entretien du zoo rêvant de devenir soigneur animalier. Son quotidien le pousse toutefois à consulter un psychologue : exaspéré par les visiteurs du parc, grand admirateur des licornes, il cherche ce qui manque dans sa vie. D’ailleurs, ces licornes, comment se reproduisent-elles ? Car ces mythiques créatures renferment bien un secret, que les toutes dernières lignes dévoileront.

Lionel Davoust prouve ainsi qu’il est aussi à l’aise en format long qu’en format court, comme le montre ces trois Contes hybrides, aux chutes particulièrement bien soignées. C’est autant une invitation au voyage qu’un cri d’amour pour le grand pays de l’imaginaire et les fantastiques créatures qui habitent… et cela, pour notre plus grand plaisir.

Joachim ALBERTINI

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