Après avoir abordé, dans ses recueils d'articles, la science-fiction, le fantastique et la fantasy, Jacques Goimard réunit ici divers écrits touchant à la critique des genres. La notion de genre est ici surtout abordée à travers le cinéma mais permet d'esquisser des propositions pour la constitution d'une taxinomie digne d'un intérêt scientifique, à l'image des travaux menés par Propp sur les contes. Considéré comme pauvre par rapport au reste de la littérature, leur classement typologique ou thématique des genres finit par révéler une épaisseur qu'on ne leur soupçonnait pas ou de considérer la question à partir de l'effet recherché. C'est essentiellement à une étude en même temps qu'une défense et illustration des genres populaires que se livre ici Goimard.
Sont successivement abordés le mélodrame, le roman feuilleton, le roman historique (Les Trois Mousquetaires de Dumas se taille la part du lion) et d'aventures (notamment avec Stevenson), la fiction policière et ses multiples visages. La science-fiction n'est présente qu'à travers deux brefs articles sur la nouvelle brève et les livres-univers (à propos de Laurent Genefort). Ces genres pris dans leur ordre d'apparition chronologique, opposés au roman réaliste, montrent une progression de la dilution du vraisemblable qui semble être le véritable territoire de lutte entre la culture classique et moderne.
Divers articles, regroupés dans une partie intitulée Sous-ensembles éphémères dans le flot de l'espace-temps regroupent des écrits plus datés dans le temps sur la production cinématographique concentrée à Hollywood, dispersée avec les cinéastes viennois, censurée à travers l'œuvre d'Oshima (L'Empire des sens) et sur la BD francophone, autre genre populaire multiforme. On y voit Goimard s'insurger contre les décisions de la commission paritaire qui menaçaient à l'époque les revues comme Pilote et À suivre.
Les articles appartenant trop nettement à une période historique donnée ne représentent pas un problème en soi : ils permettent au contraire de suivre l'évolution d'un genre à travers le temps ; mais le déséquilibre entre les diverses parties, trop ou pas assez développées, donne de l'ensemble une image plus disparate. On aurait aimé que cette réflexion qui se poursuit sur plusieurs décennies et à travers maints sujets fût plus structurée. À noter cependant un important index et un début de constitution de l'imposante bibliographie de Jacques Goimard, dispersée dans d'innombrables supports.