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Les critiques de Bifrost

Coeur d'acier

Coeur d'acier

Brandon SANDERSON
ORBIT
336pp - 14,90 €

Bifrost n° 74

Critique parue en avril 2014 dans Bifrost n° 74

Changement de registre pour Brandon Sanderson : lui qui était plutôt familier des univers de fantasy s’attaque avec Cœur d’acier au monde des super-héros. Avec, comme on va le voir, un assez fort potentiel d’adaptation cinématographique (les droits du livre furent d’ailleurs acquis un an avant la parution du roman !).

L’action se déroule à Chicago. Ou plutôt Newcago, puisque la ville a été défigurée à l’arrivée de Cœur d’acier, un super-vilain doté de la capacité de changer en métal tout objet ou chose inanimée… En effet, dix ans avant le début du livre, manquant d’être tué, Cœur d’acier a transformé l’intégralité de Chicago en acier. Alors âgé de huit ans, David Charleston assista à la scène : son père et lui se trouvaient sur les lieux, et c’est d’ailleurs son père qui faillit stopper Cœur d’acier avant que ce dernier ne réplique et l’abatte. David n’a depuis cessé de vouloir venger la mort de son géniteur, amassant toute la documentation possible sur les super-héros. Contrairement aux idées reçues, il sait que Cœur d’acier est vulnérable, puisqu’il l’a vu saigner… Mais il sait aussi que seul, il n’a aucune chance de l’emporter. Aussi décide-t-il de rejoindre les rangs des Redresseurs, les seuls à s’opposer aux super-vilains…

Le monde créé par Sanderson — et destiné à être exploré par d’autres romans — regorge de mutants aux super-pouvoirs. Mais il semble qu’il ne s’agisse que de super-vilains qui mettent sous coupe réglée les êtres « normaux ». De fait, le parti-pris de l’auteur d’adopter le point de vue des êtres humains coulait de source, une manière astucieuse d’aborder le « genre super-héroïque » : il reste extérieur aux mutants tout en nous montrant en permanence leur potentiel, puisque l’ensemble du décor est la conséquence des pouvoirs de l’un d’entre eux. Les super-vilains ne sont pour autant pas oubliés, ils apparaissent régulièrement, essentiellement dans des scènes de combats extrêmement visuels, et ont une vraie personnalité que Sanderson dépeint avec son professionnalisme habituel (dans l’année qui a précédé Cœur d’acier, il a publié le quatrième tome de « Fils-des-Brumes », un volume de « La Roue du Temps » repris à la mort de Robert Jordan, et le début d’une autre série !). La maîtrise narrative de Sanderson fait d’ailleurs merveille dans ce récit, mené tambour battant de la première à la dernière page, avec ce qu’il faut de rebondissements sciemment distillés et de personnages solidement campés. Bref : un roman qui se lit d’une traite, procure un plaisir largement supérieur à nombre de films de super-héros actuels, et une nouvelle réussite dans l’œuvre de Sanderson. Vivement la suite !

Bruno PARA

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