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Les critiques de Bifrost

Cyberkiller

Jean-Marc LIGNY
FLEUVE NOIR

Critique parue en juillet 1998 dans Bifrost n° 9

Quatre ans et demi après sa première publication, le Fleuve Noir réédite Cyberkiller, roman dans lequel apparaît pour la première fois l'univers que Jean-Marc Ligny a ensuite développé dans Inner City (J'ai Lu), ses deux récents livres pour la jeunesse parus chez Hachette (Slum City et Le Chasseur lent), ainsi que dans quelques nouvelles. Ligny a pour l'occasion sensiblement retravaillé ce roman, y ajoutant quelques péripéties et modifiant divers éléments de son intrigue.

On résumera l'histoire en deux lignes : Deckard, un agent de Maya, la compagnie leader sur le marché informatique, est chargé de débarrasser le cyberspace d'un programme pirate, Cyberkiller, capable de tuer physiquement les utilisateurs du réseau tombés entre ses griffes virtuelles. Intrigue prétexte à la découverte de ce XXIe siècle divisé entre Haute et Basse Réalité (la réalité virtuelle opposée au monde réel), entre les enclaves où les inners prospèrent et les bidonvilles où les outers s'entretuent pour survivre, entre les multinationales toutes-puissantes et les sectes obscurantistes.

Le cyberspace tel que le décrit Ligny doit beaucoup à Sega et Nintendo. À lire ce roman, on en vient à se demander si le réseau peut servir à autre chose qu'à sauver des princesses numériques en détresse, et accessoirement à leur faire subir les derniers outrages. On est ici bien loin des extrapolations vertigineuses d'un Greg Egan. L'enjeu de ce roman est ailleurs, Cyberkiller se veut avant tout un roman d'aventure bien enlevé, et de ce point de vue le contrat est respecté. On regrette néanmoins que la société dans laquelle se situe cette histoire ne soit que trop schématiquement esquissée — mais l'auteur développe cet aspect de façon satisfaisante dans Inner City — et que l'écriture soit bâclée — même s'il n'est pas l'un des meilleurs stylistes de la Science-Fiction française, Ligny est capable de bien mieux que ça. À lire pour se détendre, entre deux parties de Tomb Raider.

Philippe BOULIER

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