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Les critiques de Bifrost

D'ici à nulle part

Richard COMBALLOT, Frédéric BEIGBEDER, Hervé MESTRON, Daniel PASQUEREAU, Olivier MAU, Marc VILLARD, Jean-Bernard POUY, Daniel WALTHER, Serguei DOUNOVETZ, Gilles VIDAL, Johan HELIOT, Tony COPPOLA, Alain DARTEVELLE, Francis MIZIO, SHOLBY, Yves RAMONET,
EDEN
312pp - 20,00 €

Critique parue en juillet 2004 dans Bifrost n° 35

Un recueil de vingt nouvelles et une préface en hommage à Charles Bukowski décédé il y a dix ans, a priori il y avait de quoi me faire peur et plutôt deux fois qu'une, car Bukowski, sans être un spécialiste capable de pondre un mémoire de douze pages sur son corpus vérolé et couperosé, je connais, j'ai dû lire tous ses bouquins et si j'en ai raté un, c'est uniquement parce qu'aujourd'hui encore j'en ignore l'existence… Alors autant dire, en résumé, que les histoires du Buk, tous ses contes tarés pleins de bière, de grosses putes, de paris hippiques, de Volkswagen pourrie à L.A., de match de boxe contre Hemingway, j'en ai bu du petit lait (de poule), ma poule…

Alors voilà, j'ai ce truc gris et marron caca dans les pognes, la couverture est de Beb Deum (déjà, ça commence fort), il y a du Mizio dedans (bon signe), du Beigbeder (méfiance), du Andrevon (quelle surprise !), etc. Et je m'y colle, en buvant de l'eau, vu que j'ai une infection dans la jambe droite qui me pourrit la vie jusqu'à la couille du même côté (mais bon, ça n'a rien a voir avec Bukowski, enfin du moins je vois pas le rapport, sauf qu'il aurait pu écrire l'histoire d'un mec qui a une infection du genou qui lui remonte dans les burnes)… Trois ou quatre heures plus tard (quand on aime, on ne compte pas), j'ai terminé le bouquin, ça fait trois cents pages, mais ça se lit vite. Première surprise, et elle est de taille, j'ai fini toutes les nouvelles sans me forcer. Deuxième bonne surprise, je n'ai trouvé aucune bouse, aucun texte hors de propos, aucun truc indigne, indécent. Troisième bonne surprise, j'ai pris cinq bonnes baffes. Dans l'ordre : Johan Heliot avec sa rencontre Fante/Bukowski incroyable de justesse, bien qu'uchronique ; ensuite, le grand retour du père Mizio avec une idée à la Mizio (et si le gouvernement frenchy organisait le « Happy Buk's Day », le jour des alcoolos, des laissés pour compte, des putes qui pissent direct du huit ans d'âge premier prix tellement elles sont imbibées, et j'en passe)… jubilatoire ; puis ça a été au tour de Catherine Dufour de m'en envoyer une bien belle entre les jambes, une road-story sentant l'autobiographie, le vécu, la pellicule de pollution moisie de L.A. et la tendresse des paumés ; suivant de près la petite Dufour (par la taille, pas par le talent), c'était au tour de Christian Vilà d'envoyer la purée, plutôt en grande forme le bonhomme, occupé à narrer la virée des fantômes Burroughs et Buk aux courses de Vincennes… Tout ça, c'était très bien, toujours sincère, jamais putassier, mais bon, il fallait bien que quelqu'un sorte du lot, qu'un bourrin franchisse le premier la ligne d'arrivée avec une gaule de soixante centimètres de long, le bout tout rose et de la sueur en mousse plein le colbac… et mon gagnant est une pouliche, « La Pute aux nichons de vingt litres l'un », montée par le jockey Jean-Pierre Andrevon ; il a beau être végétarien, le grenoblois aux bottes de vacher andalou, question viande (humaine) il s'y connaît, et à mes yeux son texte (fantastique) est le meilleur du lot, car c'est du pur Andrevon et du pur Bukowski, un point de jonction entre deux œuvres désormais inoubliables.

Pour le reste, je regrette juste que quelques grands noms aient oublié de bosser un peu plus leurs textes, messieurs Jean-Bernard Pouy, Jacques Barberi et Pascal Dessaint en tête de gondole, mais bon, on s'est bien marrés, moi, ma couille droite pleine de germes et ma jambe pourrie… Merci, monsieur Comballot.

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