De Régis Goddyn, on connaît surtout sa saga du « Sang des 7 Rois », avec ses neuf volumes parus entre 2013 et 2022. Entre les sept romans du cycle principal et les deux tomes de la préquelle, l’auteur a également publié un roman indépendant, L’Ensorceleur des choses menues (2019). Dix romans, donc, mais une production sur la forme courte bien moins étoffée, puisque le présent recueil rassemble dix textes, soit une bonne part des nouvelles publiées par l’auteur.
« Les Comptes fantastiques de Paris » est une sympathique pochade brodant sur le thème de l’alchimie et des mystères de la capitale. « La Tour de Lille » nous propulse dans un futur où la montée des eaux a recouvert une bonne part de la France : des plongeurs récupèrent des artefacts des temps passés ; dans cette nouvelle à chute, les babioles d’aujourd’hui seront les trésors de demain. « Un radeau sur le Styx » commence comme une histoire d’un futur lointain avant de bifurquer en un conte pour enfant, sans vraiment convaincre. C’est aussi le cas de « Albedo », qui ne décolle pas en dépit d’intéressantes prémisses : lors de jeux paralympiques du futur, on y suit une course de bateau sur les mers d’hydrocarbure de Titan. Huis clos sans issue dans un astronef, « Altea » est hélas pareillement anecdotique. « D’où viennent les nuages » est autrement plus réussie : sur un monde réellement plat à la gravité variable, les habitants cherchent à comprendre d’où viennent, eh bien, les nuages, en se lançant dans des expéditions insensées sur les pentes ardues bordant le monde. La révélation sera bien sûr spectaculaire. Après des textes relevant pour l’essentiel de la SF, « Beauté » opère un retour en fantasy avec… ce qui n’est rien d’autre que le premier chapitre du tome IV du « Sang des 7 Rois ». Une intéressante mise en bouche, pour qui n’a pas lu la série, mais… pourquoi ? Même interrogation pour la fin du volume : « Le Sac », « La Tombe » et « Le Livre » donnent moins l’impression d’être des nouvelles que des extraits d’un roman à paraître. Trois fragments mettant en scène un assassinier équipé d’un set de billes et une scriptrice chargée de raconter une guerre au jour le jour… Au mieux, voilà de quoi aiguiser l’attente des curieux d’ici le prochain roman de l’auteur.
En somme, un bilan très mitigé pour ce recueil, qui vaut essentiellement pour la nouvelle-titre.