Pygmalion nous propose une novella de George R. R. Martin en un beau petit volume de 136 pages, le format de la collection « Une heure-lumière » du Bélial’, mais cinquante pour cent plus cher pour un texte qui n’est pas inédit, la classe !
Datant de 1976, Dans la maison du ver a été traduit en 2013, chez J’ai Lu, dans la réédition du recueil Les Rois des sables, mais n’était pas inclus dans l’édition originale dont on avait ici-même dit du bien (Bifrost 50). C’est une pratique éditoriale d’adjoindre un texte inédit à la réédition d’un recueil afin de capter l’achat de lecteurs exhaustifs. Gageons que cela peut s’avérer efficace avec un auteur devenu aussi culte que Martin. La suite du « Trône de Fer » se faisant attendre, il faut bien donner au lecteur de quoi le faire prendre patience… De là à l’extraire pour le republier en solo !
Dans la maison du ver n’est pas sans rappeler « La Cité de pierre » naguère publiée en ces pages (Bifrost 31). On y découvre un monde à l’agonie sous un soleil lui-même en fin de vie, une société à bout de souffle… Je vous laisse imaginer une hybridation de Lovecraft et du Moorcock des Danseurs de la fin des Temps. Ou Clark Ashton Smith revu par la plume plus moderne de Martin… Une décadence mortifère qui dissimule la putréfaction de son inexorable fin sous de chatoyants atours et s’étourdit en danses éperdues. C’est le monde d’Annelyn, de Riess, de Groff, du Viandard et de Vermyllar, que les Yaga La Hai (les Enfants du Ver) partagent avec les Grouns, les deux espèces s’entre-dévorant à qui mieux mieux avec la complaisance active du Viandard qui s’en donne à cœur joie.
Dans les profondeurs de cet univers où Annelyn s’aventure à faire ravaler ses insultes au Viandard, grouille une vie monstrueuse comme des asticots sur le cadavre d’un monde, pire que les égouts d’Arkham. Dans ces ténèbres s’expose le meilleur de la noirceur dont Martin est capable !
C’est un bien joli petit bouquin et du très bon Martin ; un texte qui aurait pu échapper à bien des fans de l’auteur. Juste un peu cher. Pour afficionados, en connaissance de cause.